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La Lorraine Religieuse - Page 9

  • Actualités du service diocésain des Affaires culturelles

    Mardi 7 octobre à Epinal

                Rencontre entre les différents délégués diocésains aux affaires culturelles des diocèses de Besançon, Strasbourg, Metz, Verdun, St Dié et Nancy. L’ordre du jour de la rencontre prévoyait à la fois un bref bilan des activités des services durant l’été et le partage des projets pour 2014-2015 dan chaque diocèse. C’est l’occasion d’un riche échange et d’une partage d’idées, d’adresses, de styles d’intervention toujours très profitable. Nous avons aussi travaillé un document sur « l’art contemporain et la foi », une des grandes questions de notre époque selon le Pape Paul VI pour qui « le divorce entre l’art de la culture contemporaine et la foi est un des drames de notre temps. ». Nous nous sommes accordé un moment de détente en visitant, aux Archives départementales des Vosges, une belle exposition sur la représentation cartographique des Vosges de l’antiquité à nos jours, complétée, comme en contre point, par des tableaux sur les Vosges de différentes siècles.

    Prochaine activité du service de Nancy :

                Participation et aide du service, les  18,19 et 20 Novembre prochains, au Congrès national des directeurs de pèlerinages des diocèses de France sur le thème : « Pèlerinages, chemins d’espérance » dans le contexte du Centenaire de la Guerre de 1914-1918. Ce congrès comporte un travail théologique, historique et spirituel ainsi qu’une visite de la région pour l’organisation de futurs pèlerinages (Verdun et les champs de batailles mais aussi la Maison de Robert Schuman à Scy-Chazelles, un laïc lorrain, homme politique et homme de paix, fondateur de l’Europe.)

  • Saint Pierre Fourier‬

    St Pierre Fourier.jpg

    Tableau de l’église St Martin de Pont-à-Mousson, église de l’Université des Jésuites.

    Fils d’un marchand drapier (son père est maître de la Frairie des drapiers de 1579 à 15816), il voit le jour en 1565. En 1578, à l'âge de 14 ans, il entre à la Faculté jésuite des Arts de Pont-à-Mousson où il poursuit pendant six ans des études de grammaire et de rhétorique. Son cousin Jean Fourier (1559-1636) y est professeur de théologie avant de devenir recteur de l'université. Le Père jésuite Louis Richeome - surnommé le “Cicéron français”- le marque profondément avec sa conception optimiste de la nature humaine qui rejoint l'enseignement du Concile de Trente et annonce l'Humanisme dévot.

    En 1585, il est ordonné prêtre. Ses confrères chanoines inquiets de sa piété, le renvoient à l'Université de Pont-à-Mousson où il accomplit pendant sept ans des études de théologie et de droit, au contact du légiste Pierre Grégoire fondateur de l'«École doctrinale de Droit Public de Pont-à-Mousson». Il est formé à la théologie de Saint Thomas actualisée par le dominicain Cajetan.

    De retour à Chaumousey son abbaye, pour se débarrasser de lui, il se voit confier en 1597 la cure de Mattaincourtnote paroisse considérée comme un village « déchristianisé », dont il reste le curé jusqu'à sa mort en 1640.
Il associe son ministère rural à de grands projets apostoliques comme l'institution de la Congrégation Notre-Dame, la réforme des chanoines réguliers de sa congrégation et la création d'un enseignement élémentaire. Il se montre d'un grand dévouement pour les pauvres. En ce siècle tourmenté (guerre de Trente ans, famine), il prône la solidarité envers les plus démunis ; il crée un système d'entraide qu'il appelle une petite dévotionnette (équipe de cinq à six laïques qui collectent des vivres et les distribuent), et il met en place une soupe populaire. Pour éviter aux artisans en difficulté d’avoir à emprunter de l’argent aux usuriers, il crée une caisse mutuelle : la bourse Saint-Epvre qui prête sans gage et sans intérêt.

    Alors que Louis XIII et le cardinal de Richelieu essaient d’annexer le duché de Lorraine, la fidélité à son souverain légitime, le duc de Lorraine et de Bar Charles IV, lui vaut d’être expulsé en 1636 par le redoutable prélat. Il trouvera refuge à Gray en Franche-Comté, alors possession espagnole. Il y meurt quatre ans plus tard à l'âge de 75 ans.

  • Implantation des Jésuites à Nancy (2)

    A l'occasion du départ des Jésuites après 350 ans de présence en Lorraine, nous proposons un parcours dans Nancy et Pont-à-Mousson à la découverte de ce qui reste de leur implantation. On profitera de cette promenade pour décrire leur activité apostolique et culturelle.

    Voici la suite de la présentation, le début est ici.

  • ‪Servais de Lairuelz‬ (1560-1631)

                Né en 1560 à Soignies dans le Hainaut, il prit l'habit des prémontrés le 25 mars 1580 à l'abbaye Saint-Paul de Verdun, dont son oncle Jacques Colpin était alors prieur.

    « On lui avoit donné au baptême, le nom d'Annibal mais Nicolas de Bousmar, Évêque de Verdun, le lui changea en celui de Servais lorsqu'il lui administra la confirmation ».

                Il est envoyé suivre les cours de l'université de Pont-à-Mousson fondée par les jésuites en 1574 et réside à l'abbaye voisine de Sainte-Marie-au-Bois ; à l'université, il se lie avec Didier de La Cour, futur fondateur de la congrégation bénédictine de Saint-Vanne et saint Pierre Fourier, deux de ses condisciples.

                Par suite des troubles politiques et de la peste (1585), il gagne Paris et poursuit ses études en Sorbonne, en résidant au collège prémontré de Paris où il fut en contact avec les autorités centrales de l'ordre et fut ainsi choisi par le vicaire général François Loiseleur pour l'accompagner dans ses visites canoniques, avant même d'être promu docteur en théologie.

                Devenu docteur en théologie, il retourne à Saint-Paul de Verdun et ne semble pas y avoir d'abord mené une vie particulièrement régulière et fervente. Vint le temps du dégoût de la vie facile, puis une maladie grave ; Lairuelz se convertit et son premier soin fut de travailler à la restauration de la discipline monastique parmi ses frères.

                Devant leurs réticences, il songea à quitter son ordre, mais y renonça sur les conseils du jésuite Anselme André qui l'orienta vers la réforme de l'ensemble de l'ordre prémontré (vers 1592-1593). En 1596, Lairuelz gagne la confiance de François de Longpré † 1613, abbé réformateur élu général de l'ordre, et devient son confident ; bientôt après, il est nommé vicaire général (vers 1597) ; il le demeura jusqu'en 1617. En vertu de cette charge, il visita canoniquement les maisons prémontrées, en particulier dans l'Allemagne, l'Autriche et la Belgique actuelle. On conserve un assez grand nombre des ordonnances prises dans les chapitres tenus durant ses visites.

                Lentement mûrit en lui la conviction qu'une réforme plus radicale était nécessaire et qu'il fallait remettre en vigueur les Statuts primitifs. Un groupe d'abbayes lorraines adopta ces Statuts ; cette « communauté de la primitive rigueur » se donna une structure particulière.

                En 1600, il succède à l'abbé de Sainte-Marie-au-Bois, Daniel Picard, et envoie ses jeunes religieux suivre les cours de l'Université de Pont-à-Mousson. À partir de 1607, il œuvre au transfert de son abbaye à côté de l'Université à Pont-à-Mousson. La construction de la nouvelle abbaye Sainte-Marie-Majeure débute en 1609 et se termine en 1616.

                La dizaine de livres qu'il a publiés font la promotion de la stricte observance ; on y relève aussi l'influence de la Compagnie de Jésus.

    • Optica Regularium en 1603, jette les bases de la Réforme de Lorraine
    • Statut de la réforme de l'Ordre de Prémontré
    • Catéchisme des Novices
    • L'optique des réguliers de l'Ordre des Augustins

                En 1631, il ramène ses moines à Sainte-Marie-au-Bois pour fuir l'épidémie de peste qui sévit à Pont-à-Mousson et c'est là qu'il meurt le 18 octobre 1631.

  • 4 septembre : Saint Mansuy

    St Mansuy et l’organisation de la communauté autour d’un évêque : 

    Fête dans le diocèse le 4 septembre

    tombeau Saint Mansuy b.jpg

    le tombeau de St Mansuy à la cathédrale de Toul. Oeuvre de Mansuy  
    Gauvain grand sculpteur lorrain du XVIè, celui qui a sculpté Notre  
    Dame de Bonsecours

       C’est dans la 1ère moitié du IVè (Metz  dernier quart du IIIè) que Mansuy/ Mansuet (Mansuetus en latin =le doux)  arrive à Toul et il fut le premier évêque d’une communauté chrétienne déjà existante, même si elle était petite. Elle fut sans doute créée par des militaires chrétiens en poste à Toul et sans doute par les grands personnages chrétiens qui passèrent à Toul : St Athanase d’Alexandrie … allant en exil à Trêves et passant nécessairement à Toul.

       En effet, le 5 février 336, Athanase doit prendre le chemin de l'exil à Trèves. Il y séjourne pendant un peu plus d'un an (printemps 336 - juin 337). Il  a des compagnons égyptiens et y est bien reçu par l'évêque de la ville, Maximin. Réside également à Trèves le césar Constantin, fils aîné de l'empereur, qui devient le protecteur d'Athanase. L'empereur Constantin Ier meurt à Nicomédie le 22 mai 337, et la nouvelle parvient à Trèves dans les premiers jours de juin. Le 17 de ce mois, le césar Constantin envoie une lettre au peuple et au clergé d'Alexandrie : il y affirme que l'intention de son père était de rétablir Athanase sur son siège, et que lui-même va exécuter cette volonté. Athanase arrive le 23 novembre à Alexandrie, où il est accueilli en triomphe par ses partisans, mais où ses ennemis provoquent aussi des tumultes.Notons que St Jérôme (347-420), St Martin (316-397) et St Ambroise (né à Trêves en 340-397) se rendant à Trêves ou en revenant,  passèrent aussi à Toul. Le poète Ausone (309-394) précepteur de Gallien  puis préfet des Gaules séjourna à Toul et chanta la beauté de la Moselle.

       Revenons à Mansuy : Il serait sans doute plus juste de dire que Mansuy, un évêque itinérant de la Belgica prima, est le premier à s'être fixé en fin de vie à Tullum. Il aurait exercé son ministère de 338 à 375.

       La première Vie de St Mansuy fut écrite au Xème siècle, par le moine Adson abbé de Montier en Der.

       Ce qu’on sait de sûr, c’est que Mansuy édifia aux portes de la Cité, hors les murs, un oratoire, une petite église qu’il dédia à St Pierre et dans laquelle il fut enterré. Ce lien à St Pierre est très symbolique et intéressant. Plus tard une abbaye s’éleva sur son tombeau jusqu’à la Révolution et son corps demeura à cet endroit jusqu’en 1990.

       Le miracle le plus célèbre du saint fondateur : la résurrection du fils du gouverneur romain de la ville qui s’était noyé dans la Moselle.

  • 2 septembre : Bienheureux Antoine de Ravinel

    Mémoire diocésaine

    Antoine de Ravinel naquit à Bayon, le 6 juillet 1769, dans une famille qui compte encore en Lorraine de nombreux descendants. Après des études qui lui valurent le grade de maître ès arts de l'université de Nancy (sise dans l'actuelle bibliothèque municipale), il entra au séminaire de cette ville et fut tonsuré le 26 mars 1785 dans l'église Saint Pierre (ancienne église Saint Pierre). 

    Admis aux ordres mineurs en 1788, il partit pour compléter sa formation cléricale au séminaire Saint-Sulpice, à Paris, où il vit débuter la Révolution. il y fut ordonné sous-diacre en 1791, puis diacre, le 29 mai 1792.

    La persécution déclenchée contre le clergé insermenté atteignit le jeune séminariste, qui fut arrêté le 15 août 1792 et enfermé au couvent des Carmes (actuel institut Catholique). C'est là qu'i trouva la mort au cours des massacres du 2 septembre. Il fut béatifié le 17 novembre 1926, avec tous ses compagnons de supplice, parmi lesquels le Père Burté, religieux cordelier, natif de Rambervillers, et qui avait été plus de vingt ans au couvent de son ordre à Nancy.

    Petite-eglise-st-pierre.jpg

    Ancienne église Saint Pierre

  • Don Giovanni de Mozart à Haroué

                Heureux ceux qui ont pu ce weekend voir et entendre le Don Juan de Mozart dans la cadre splendide du château d’Haroué. On est emporté par la musique baroque dans une autre époque pense-t-on… mais il n’ya pas de personnage plus actuel que Don Juan !

                En regardant l’opéra – ou la pièce de Molière qui porte le même nom – nous sommes mis en présence de ce que les manuels appellent un « libertin du XVIIIème siècle ». On est mis devant un libertaire du XXIème siècle, fruit des lumières. Voici la définition que donne Wikipedia de Don Juan : « Fondamentalement, Don Juan recherche et vit dans le plaisir et la jouissance du présent, s'opposant aux contraintes et aux règles sociales, morales et religieuses, et ignorant volontairement autrui. Il est donc à la fois jouisseur et cynique, également égoïste et destructeur. Cela correspond à l'image du libertin au xviie siècle. » Seulement ?

                En vivant ainsi Don Juan crée l’enfer autour de lui et sans doute pour lui…c’est ce que veut exprimer cette fin de l’opéra si baroque pour le coup : Don Juan a semé la mort autour de lui, dans le cœur de sa femme et des femmes qu’il a abimées par sa conduite… cette mort le gagne et l’emporte. Voilà vraiment comme disent les journaux et les programmes racoleurs « un opéra pour notre temps ». Merci Molière, merci Mozart.

  • Le Vénérable Dom Didier De La Cour

    MOINE BENEDICTIN  1550-1623

    Le monastère de Moyenmoutier et  St Hydulphe (612 - 707) son fondateur

                Le monastère a été fondé en 671 par le moine St Hydulphe, disciple de St Colomban, l’Irlandais. Né en Bavière, après des études aux écoles de Ratisbonne, il entra au monastère de St Maximin de Trêves. Après quelques années de vie monastique, il fut nommé chorévèque[1] de Trêves, et cela pendant trente années !... mais l’appel à la solitude le hante. Après un passage à Toul, c’est dans cette vallée du Rabodeau qu’il la trouve et qu’il fonde une petite solitude, Medium Monasterium, c’est-à-dire Le Monastère du Milieu, entre Senones (669)  à l’Orient, Etival à l’Occident, St Dié (670) au midi et Bonmoutier (660) au Nord, la sainte Croix des Vosges[2]. Il est bien vite rejoint par quelques disciples - Spinule, Jean et Bénigne - et il construit deux oratoires, l’un dédié à Notre Dame et l’autre à St Pierre ainsi que quelques bâtiments monastiques. Mais les disciples sont si nombreux qu’ils essaiment en petits ermitages à Hurbache, Le Ban de Sapt, St Jean d’Ormont, St Prayel, St Blaise (ancien Bégoncelle), Vézeval, La Haute Pierre, Malfosse... En l’an 1000, ces maisons sont toutes florissantes et on peut parler de « la nébuleuse monastique de Moyenmoutier ».

                Le monastère est régi par la règle mixte de St Benoît - St Hydulphe la connaissait parfaitement puisqu’elle régissait Trêves et qu’il aimait ce saint  auquel il ressemblait tant -  et St Colomban, l’austère irlandais, le maître du Val de Galilée de St Dié. Un village s’établit autour du monastère et une église paroissiale dédiée à St Evre est édifiée. Le Saint Abbé Hydulphe mourut le 11 juillet 707. « St Hydulphe fait figure d’un pionnier de grande classe. Il laissait à sa mort une oeuvre puissamment installée, d’un style original, groupant 300 moines, tant à l’abbaye que dans les celles filiales. Au coeur de cette croix « mystique », il venait de planter un centre vital, un foyer spirituel, civilisateur, dont l’éclat devait se soutenir, en dépit d’éclipses inévitables, pendant plus d’un millénaire.

    (Chan. André Laurent).

                Au XVIème siècle, la situation de l’abbaye n’est pas brillante. La commende a affaibli la communauté en nombre... et en ferveur. Et pourtant c’est la même commende qui va la sauver.... car le nouvel abbé est le Prince Erric de Vaudémont, Evêque de Verdun et abbé de St Vanne de la Verdun.

    Vaines tentatives de réforme.

                Le Concile de Trente (1545-1563) a donné des indications précises pour réformer les religieux[3] et il a demandé de réunir le plus possible les monastères en congrégation pour mieux assurer l’unité et la réforme des maisons. Le Cardinal Charles de Lorraine avait été nommé par le Pape Grégoire XIII légat pour les Trois Evêchés et les duchés de Lorraine et de Bar afin d’y mettre en place la réforme conciliaire chez les religieux, en particulier les bénédictins très nombreux. Les premières tentatives échouèrent tellement que le  bouillant légat demanda au Pape  de supprimer toutes les abbayes de sa légation !

                Devant le refus du Pape, le légat décida de procéder autrement: il choisit une abbaye qu’il voulut réformer pour qu’elle serve de modèle et de foyer pour toutes les autres. Les abbés réguliers lui indiquèrent St Vanne de Verdun et l’Evêque de Verdun , le Prince Erric, accepta. Nous sommes en 1598; le cardinal et l’évêque demandèrent aux moines de St Vanne d’élire un prieur; ceux-ci choisirent un saint religieux, Dom Didier de La Cour, persuadés que son humilité le conduirait à refuser. Ce qui arriva... mais deux moines anciens réussirent à convaincre Dom Didier d’accepter: il prit donc sa charge de prieur dans l’effroi d’une communauté mitigée qui avait élu un moine réformé !

    Le nouveau prieur

                Il était né en 1550 à Montzéville (Meuse) dans une famille de petite noblesse apparentée d’un côté à Nicolas Psaume le grand évêque de Verdun durant le concile de Trente et de l’autre à l’évêque de Toul Christophe de la Vallée.

                Profès de St Vanne de Verdun en 1575 , il étudia à l’université jésuite de Pont-à-Mousson et à Reims. Il fut ordonné prêtre en 1581. Son retour à St vanne fut très difficile: Dom Didier était un moine fidèle et très spirituel; il devint un reproche vivant pour ses confrères qui ne tardèrent pas de le renvoyer faire des études à Pont où il fut condisciple et ami de St Pierre Fourier et de Servais de Lairuelz. Il étudia les langues anciennes (grec, hébreu, syriaque) et passa un doctorat de théologie. De retour à St Vanne, la crise reprit et la communauté l’envoya en mission à Rome de 1587 à 1589 pour se débarrasser de lui. Pendant son séjour romain, Dom Didier enseigna la philosophie aux Minimes du couvent de la Trinité des Monts et ce contact sembla un moment l’attirer vers cette congrégation tant l’opposition des siens était vive à son égard. Rentrant à St Vanne en 1589, dans un climat fort tendu, il dut repartir vivre comme ermite à Rarécourt, fit un essai infructueux chez les Minimes en 1590 et rentra à Verdun. Ce fut alors huit années d’enfouissement et de persécution au monastère. En 1598, il fut donc élu prieur de St Vanne.

    La réforme monastique : les faits.

                Le Prince Erric évêque de Verdun avait obtenu du St Siège un bref papal donnant tout pouvoir pour la réforme de son ordre à Dom Didier. Le nouveau prieur procéda ainsi: ayant assez éprouvé l’opposition irréductible de certains à toute réforme, il prit la décision d’évincer de la communauté de St Vanne tous les récalcitrants en leur octroyant une pension pour vivre, en acceptant même qu’ils constituent une communauté à part dans l’abbaye. Seuls les réformés pouvaient désormais recevoir des novices. C’est d’ailleurs par la réforme du noviciat qu’il commença. Très vite quelques recrues arrivèrent et le 30 janvier 1600, il reçut la profession de cinq nouveaux moines. Bientôt, en 1603, le groupe des réformés fut suffisant pour envoyer  certains à St Hydulphe de Moyenmoutier (sur les conseils du Prince Erric de Verdun abbé commendataire de St Hydulphe) pour réformer l’abbaye sous la conduite du disciple préféré de Dom Didier, Dom Claude François. Les deux monastères créèrent ensemble une nouvelle congrégation bénédictine, de St vanne et St Hydulphe, appelée communément les Vannistes, que le Pape Clément VIII approuva le 7 avril 1604.

    La réforme monastique: les principes.

                Pour lutter contre la commende, la réforme retirait tous les pouvoirs aux abbés[4] pour les donner aux prieurs conventuels afin de sauvegarder le gouvernement monastique de l’abbaye. Le noviciat était réformé et structuré: les idées de Dom Didier furent publiées plus tard et inspirèrent les noviciats bénédictins jusqu’à la Révolution. Dom Didier introduisit la pratique de l’oraison mentale – apprise chez les Jésuites - jusque là ignorée dans la tradition bénédictine.

                Dom Didier insista également beaucoup sur la vocation intellectuelle de la vie bénédictine, « prônant une alliance indissoluble des lettres, de la science et de la piété. » Après leur noviciat , les futurs moines prêtres recevaient une formation qui durait 6 ou 7 ans, selon les candidats. Le lieu d’étude était unique pour toute la congrégation: établi d’abord à Pont-à-Mousson, il fut ensuite installée à l’abbaye de Breuil près de Commercy. Dom Didier rompait avec sa formation scolastique reçue des jésuites de Pont à Mousson pour adopter la méthode de théologie positive que son maître le jésuite Jean Maldonat lui avait enseignée. Il s’agissait de faire la théologie à partir de l’Ecriture, des Pères, des Conciles et du magistère, plus à partir de l’histoire qu’à partir de la philosophie ou de la métaphysique.

                La Congrégation était gouvernée par le chapitre général réuni chaque année. Le président de la congrégation était renouvelé chaque année et les supérieurs des maisons nommés pour cinq ans. Le voeu bénédictin de stabilité était émis pour la congrégation et non plus pour le monastère où l’on entrait. Quant au reste, les coutumes étaient celles du Mont Cassin et un bref papal de 1605 donnait aux prieurs vannistes tous les pouvoirs des abbés.

    La réforme monastique: son succès.

                Les moines du Mont Cassin envoyèrent Dom Laurent Lucalberti visiter les maisons bénédictines lorraines pour les inciter à la réforme vanniste. En sept ans, douze monastères existant choisirent la réforme de Dom Didier et une rapide extension hors de Lorraine commença, en France: le collège de Cluny à Paris, Limoges , Nouviale en Poitou, St Far de Meaux, Jumiège en Normandie.... Le Roi de France approuva très vite cette réforme et les maisons  françaises se rassemblèrent en une congrégation française !, fille de St Vanne, la congrégation de St Maur qui reprit toutes les coutumes vannistes sauf un point: les supérieurs mauristes étaient en poste autant de temps qu’il convenait sans limite de temps ni obligation de changement.

                Dom Didier de la Cour mourut à St Vanne de Verdun le 14 novembre 1623. En 1811, l’église de St Vanne menaçant t ruine, on transféra les restes du vénérable abbé dans la chapelle castrale de Monthairon (Meuse) sa patrie d’origine.

                L’essor de la congrégation de St Vanne se poursuivit très fortement jusque vers 1660. Il se ralentit alors brusquement: jusque vers 1730, la congrégation St Vanne fut déchirée par l’affaire janséniste. Ensuite, persécutée par le gouvernement royal français (la commission des réguliers)  elle reprit son essor et à la veille de la Révolution, elle comportait 622 religieux en 50 maisons.


    [1] Le chorévêque est un dignitaire ecclésiastique adjoint à l’évêque du lieu pour donner la confirmation, les ordres mineurs, pour consacrer les Èglises sans aucun pouvoir dans la direction du diocèse.

    [2] Hydulphe n’était pas sans savoir ce que St Dié avait fondé dans la ville qui porte maintenant son nom et St Gondelbert à Senones et Bonmoutier.

    [3] La 25ème session du 3/11/1563

    [4] 6 abbayes seulement de la congrégation St Vanne étaient gouvernées par un abbé régulier: Moyenmoutier, Senones, Munster, St Airy de Verdun, Faverney  et St Léopold de Nancy

  • Implantation des Jésuites à Nancy (1)

    A l'occasion du départ des Jésuites après 350 ans de présence en Lorraine, nous proposons un parcours dans Nancy et Pont-à-Mousson à la découverte de ce qui reste de leur implantation. On profitera de cette promenade pour décrire leur activité apostolique et culturelle.

  • Un nouveau blog…

                Vous venez d’ouvrir ce blog et il est normal que nous vous informions du projet que doit soutenir ce blog.

             Depuis toujours, la culture et le culte ont eu des relations, tantôt cordiales et unies tantôt conflictuelles. Les deux mots « culte » et « culture » ont même étymologie : ils dérivent tous deux du verbe latin « colere/ cultiver ». Wikipedia définit ainsi les mots :

             Culte : « du latin cultus (« action de cultiver », spécialement : « action d'honorer (les dieux, les parents) »), dérivé de colere (« cultiver »). »

             Cultura : « du mot latin colere (« habiter », « cultiver », ou « honorer ») suggère que la culture se réfère, en général, à l’activité humaine. Ce mot prend des significations notablement différentes, voire contradictoires, selon ses utilisations ».

             Le dictionnaire continue : « Il y a actuellement en français deux acceptions différentes pour le mot culture : la culture individuelle de chacun, construction personnelle de ses connaissances donnant la culture générale  et la culture d'un peuple, l'identité culturelle de ce peuple, la culture collective à laquelle on appartient. Il se trouve qu’en langue allemande, la définition de la culture individuelle ou culture générale correspond au mot Bildung, et qu’il existe un autre mot, Kultur, qui correspond à un patrimoine social, artistique, éthique appartenant à un ensemble d’individus disposant d’une identité. »

             Ce blog  a pour modeste but, de faire dialoguer la culture d’aujourd’hui (« les affaires culturelles ») y compris dans ses racines historiques qui la nourrissent et la fécondent… et que parfois elle nie !... et le culte catholique, la foi de l’Eglise, jusque dans ses dimensions et implications culturelles ( art, littérature, cinéma, théologie, philosophie …) Nous sommes un petit groupe pour faire vivre ce blog et peut-être réussirons-nous à susciter un dialogue avec les lecteurs et un bout de réflexion commune…

             Enfin ce blog est lié à l’Eglise catholique à Nancy.

    Jacques Bombardier