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  • L'histoire des Chrétiens de Lorraine (#5 à #8) ... sur RCF

    Retrouvez les propos de ces quatre articles de l'histoire des Chrétiens de Lorraine, par le Père Bombardier, dans l'émission mensuelle de RCF :

  • Août 1914 à Bonsecours

    conférence donnée à Bonsecours le 22 mai 2014 par le Père Jacques Bombardier recteur.

                Les événements que je vais rapporter se trouvent racontés dans la Semaine religieuse du diocèse de Nancy et dans le bulletin paroissial de la paroisse de Bonsecours. Aucune trace dans les journaux civils : cela nous rappelle le contexte très tendu dans les rapports entre l’Eglise catholique en France et le gouvernement de gauche ainsi qu’avec les journaux qui lui sont proches. 

                L’ennemi est aux portes de Nancy. On vient de nous en parler longuement.[1] Et la ville peut être envahie. Les souvenirs de l’occupation de 1870 sont dans toutes les têtes.

    Spontanément, les nancéens se tournent vers le sanctuaire de Notre Dame de Bonsecours, le seul sanctuaire marial de Nancy à l’époque et leur désir assez nettement exprimé est qu’un vœu soit fait à Marie pour protéger Nancy. C’est une coutume chrétienne, déjà biblique même et notre sanctuaire garde, inscrit dans la pierre, le vœu de Nancy au XVIIè siècle lors de la peste.

                Mgr Turinaz, le 15 août, répondant au désir de la population, promet à la Vierge « d’hâter les travaux de l’église ND de Lourdes si Dieu accorde le triomphe à nos armes et préserve la cité de l’invasion allemande et de faire de cette nouvelle église, l’ex-voto de la reconnaissance de Nancy et de la Lorraine. »

                La construction de la basilique, en effet, avait été décidée le 30 juillet 1908 par Mgr Turinaz, évêque de Nancy, pour être le siège de la quatorzième paroisse nancéienne, selon les plans de l'architecte Jules Criqui et sous la conduite de l'abbé Léon Loevenbruck. Une lettre de Pie X, en date du 25 août 1908 félicite l'évêque pour cette décision.

    La première pierre fut posée le 25 octobre 1908 et fut bénie par l'évêque Turinaz, qui a également béni les trois premières cloches de cette église le dimanche 13 décembre 1908. Les fondations furent terminées à la fin de l'hiver 1909. Le 2 juillet 1912, en la Fête de la Visitation, eut lieu l'inauguration solennelle de cette première partie de l'église, présidée par l'évêque Turinaz. Et on en était là à la déclaration de la guerre. Malgré le désir de l’évêque, les travaux furent grandement ralentis entre 1914 et 1918 du fait de la Première Guerre mondiale.

    Le 16 mars 1924, la nef fut seulement terminée. L'église fut consacrée solennellement le 2 juillet 1924 par Mg de La Celle, évêque de Nancy. Le portail fut terminé le 1er octobre 1925. La flèche fut inaugurée le 22 septembre 1929 et l'achèvement de l'édifice fut salué par un Te Deum. L'église avait été élevée au rang de basilique mineure le 26 juin 1925 par le pape Pie XI.

                Les prières à Bonsecours pour la protection de Nancy avaient commencé le 10 août : ce jour-là débuta une neuvaine de prière qui se conclut le 18 août, alors fête de Notre Dame de Bonsecours, aujourd’hui fixée au 22 mai. Une foule considérable avait suivi les exercices spirituels de la neuvaine. Le sanctuaire ne désemplit plus dans les semaines qui suivirent.

                Des célébrations solennelles ou des supplications fortes ponctuent les années de la Guerre dans ce sanctuaire qui vit au rythme des batailles :

                * Ce fut l’action de grâce pour la bataille du Grand Couronné dont je vais reparler.

             * A la veille de l’attaque de Verdun, 30 janvier au 2 février 1916 se déroule dans notre église un Triduum solennel de prière. Il y a tant de monde qu’une grande partie des fidèles assiste aux offices sur la place, toutes portes ouvertes.

            * A nouveau du 1er au 4 février 1917, puis au commencement de 1918 : nouvelles prières de supplication ! Toutes les ½ heures, les 14 paroisses de Nancy sous la conduite de leurs curés se relaient pour la prière continuelle à Bonsecours. C’est au cours de ces après-midi qu’on dénombra jusqu’à 8000 pèlerins

                * Enfin, le 17  novembre, Mgr Ruch successeur de Turinaz convoque les 14 paroisses à Bonsecours pour l’action de grâces ! A nouveau, toutes les paroisses de Nancy se relayèrent pour une action de grâce continuelle comme l’avait été la supplication quelques mois plus tôt. Un peu plus tard, le curé de Bonsecours l’abbé Leclère fit apposer au-dessus de la crédence, côté tombeau de la reine Catherine, une plaque de marbre sur laquelle se trouve gravée cette inscription :

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                Revenons, voulez-vous, à la bataille du Grand Couronné, bataille décisive du début de la grande Guerre : décisive pour préserver Nancy de l’invasion et décisive pour le déroulement de la guerre : en retardant l’ennemi sur le front, les soldats ont permis la victoire sur la Marne.

                Dès le commencement des hostilités donc, nous l’avons vu,  un vœu est fait à Notre Dame de Bonsecours et des temps de supplications et de prières sont organisés avec un grand concours de peuple. 

                Dans le secret, le Général de Castelnau (1851-1944) vint lui aussi à Bonsecours le 12 septembre 1914, à la suite d’un vœu personnel qu’il avait fait.

                Sans vouloir retracer sa carrière, on peut noter que le catholicisme fervent du général, le fit surnommer « le Capucin Botté » ou encore par Clemenceau de « général de Jésuitière, indigne des responsabilités qu'il assumait », et qui lui disait « Après notre mort, mon Général, Dieu nous départagera ».

                Promu général de brigade le 25 mars1906, il commande la 24e brigade à Sedan, la 7e à Soissons, et devient général de division le 21 décembre1909 - il avait été exclu, à cause de son catholicisme, une première fois du tableau d'avancement par le général Sarrail, alors directeur de l'infanterie.

                De 1911 à 1914, sur demande express de Joffre, il fut son chef d’état major et aida à l’élaboration du Plan stratégique XVII destiné à reprendre l’Alsace-Lorraine dans l’idée d’envahir l'Allemagne. Au commencement des hostilités, Castelnau prit le commandement de la Seconde Armée, qui devait jouer un rôle central dans la mise en œuvre du Plan XVII. Bloqué dans sa progression contre les Allemands à Morhange, Il organisa avec succès la défense de Nancy. Il obtint une victoire défensive décisive dans la trouée de Charmes (24-26 août) qui prolongeait la victoire de la Marne vers l'Est, empêchant les armées françaises d'être tournées par la droite et rendant possible leur redressement. Il poussa cet avantage en remportant la bataille du Grand Couronné (31 août-11 septembre1914) qui lui valut le surnom de « Sauveur de Nancy ». Édouard de Castelnau fut promu, le 18 septembre, grand officier de la Légion d'honneur. Joffre le retire ensuite du front de Lorraine, et lui confie la mission de prolonger le flanc gauche des armées françaises au nord de l'Oise, en s’efforçant de déborder l'aile droite allemande. Ce sera le début de la Course à la mer, que Castelnau initiera et mènera jusqu'à Amiens, d'où il passera le flambeau au Général Foch.

                Il dirigea ensuite l'offensive de Champagne du 25 septembre1915 : en quelques jours il fit 25 000 prisonniers, prit 125 canons et contrôla une zone de territoire de plusieurs kilomètres de profondeur en territoire allemand. À la suite de cette victoire, il fut élevé à la dignité de Grand Croix de la légion d'honneur (8 octobre1915) et devint l'adjoint du généralissime Joffre. En février 1916, il servit de nouveau comme Chef d’État-major de Joffre. Il organisa la défense de Verdun avant le déclenchement de la bataille.

                Après la chute de Joffre et son remplacement par Nivelle en 1916, Castelnau fut mis en non-activité. Mais, après la disgrâce de Nivelle et son remplacement par Foch, on le rappela à la tête du Groupe d'armées de l’Est où il aurait commandé l’offensive en Lorraine en 1918 si l’Armistice ne l’avait arrêtée. Trois des fils de Castelnau, Gérald, Xavier (1893-1914) et Hugues, sont tués pendant la Grande Guerre.

                « Ses idées en matière politique et religieuse, dit pudiquement Wikipedia, lui valurent l'hostilité de nombreux hommes politiques, souvent francs-maçons, sous la IIIe République. De ce fait, il ne reçut jamais le bâton de maréchal. »

                Le 17 novembre 1918, au milieu de la foule qui priait à Bonsecours et des paroissiens des 14 paroisse qui se relayaient dans la prière, le général de Castelnau vint lui aussi, «  vers 2H de l’après-diner » avec l’ex-voto du vœu personnel à Bonsecours  fait lors de la bataille du Grand Couronné.

                Cet ex-voto de marbre est placé à l’entrée du chœur à droite, côté tombeau Stanislas et dont voici le texte

     

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    Le général cite le Psaume 126 qui déclare : « Si le Seigneur ne garde la ville, en vain veille celui qui la garde ».

           Le 31 juillet 1919, le général de Castelnau revint à Bonsecours pour présenter à la Vierge l’épée d’honneur qui lui avait été remise par les nancéennes avec les fleurs qui l’accompagnaient.[2]

               Les pèlerinages personnels ou familiaux se poursuivirent longtemps après la guerre dans notre église. Les très nombreux ex votos déposés dans le couloir qui mène à la sacristie en sont la preuve matérielle.

             Chaque année, le deuxième dimanche du mois de septembre, fut célébrée une messe d’action de grâce pour la victoire du Grand Couronné.

              Le 19 juin 1933, au lendemain de l’inauguration du monument du Léomont, le colonel Pesme qui avait commandé le 69è d’infanterie – un des régiments de la Division de Fer si aimée des nancéens – vint remettre à Notre Dame en hommage de gratitude, une petite oriflamme tricolore avec l’emblème du Sacré Cœur qui avait été donné au régiment par les Dames de la Visitation dans les premiers jours de la Guerre et qui l’avait accompagné depuis les combats de Morhange jusqu’au Léomont jusqu’en novembre 1918. C’est l’ancien aumônier le Père Taillez qui célébra la messe au milieu des officiers et de leurs parents.

                Beaucoup moins connue est la visite des polonais, le 6 octobre 1918 à Notre Dame de Bonsecours. Le Général Haller qui avait reçu du gouvernement français et des alliés le commandement en chef de la Légion polonaise – pour, selon leur désir, « mener le décisif combat pour le droit et la liberté des peuples » - vint en prendre possession, prêter serment devant ses troupes, représentée par la première division alors dans les environs de Nancy. Le Général Archinard, le préfet, le maire de Nancy, l’académie Stanislas qui adressa un discours aux troupes.[3]

                Ce fut la dernière manifestation solennelle et officielle pour la bataille du Grand Couronné. Chaque année, le deuxième dimanche de septembre , on célébrait la messe pour les victimes de la bataille et en action de grâce pour la victoire.



    [1] Conférence de Mr Dominique Perrin. Prochainement sur ce blog
    [2]Bulletin paroissial de BS septembre 1918
    [3] voir Journal de la Meurthe et des Vosges 13octobre 1918.

  • Implantation des Jésuites à Nancy (3)

    A l'occasion du départ des Jésuites après 350 ans de présence en Lorraine, nous proposons un parcours dans Nancy et Pont-à-Mousson à la découverte de ce qui reste de leur implantation. On profitera de cette promenade pour décrire leur activité apostolique et culturelle.

    Voici la suite de la présentation, le début est ici et là.

  • Implantation des Jésuites à Nancy (2)

    A l'occasion du départ des Jésuites après 350 ans de présence en Lorraine, nous proposons un parcours dans Nancy et Pont-à-Mousson à la découverte de ce qui reste de leur implantation. On profitera de cette promenade pour décrire leur activité apostolique et culturelle.

    Voici la suite de la présentation, le début est ici.

  • Implantation des Jésuites à Nancy (1)

    A l'occasion du départ des Jésuites après 350 ans de présence en Lorraine, nous proposons un parcours dans Nancy et Pont-à-Mousson à la découverte de ce qui reste de leur implantation. On profitera de cette promenade pour décrire leur activité apostolique et culturelle.