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  • Histoire des chrétiens de Lorraine #4

    4  L’autre grand temple attirant de nombreux fidèles était celui de Deneuvre au Sud Est du domaine des Leuques. Le Temple, construit au pied de l’oppidum de Deneuvre, était dédié à Hercule et le culte se rendait dans une zone de sources : la divinité romaine assumait la vision gauloise que les dieux se communiquaient aux hommes par l’eau des sources. Le mythe « des 12 travaux d’Hercule » est relu à cette époque comme un itinéraire d’humanisation que l’homme doit reproduire aidé par le dieu. C’est aussi un lieu de guérison (on ne sait de quoi) et d’exaucement : les stèles - ex voto – en témoignent.


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           En effet, on a retrouvé de très nombreuses stèles – sculptées sur place dans la pierre locale - d’Hercule dormant ou combattant, témoignent de la ferveur et de la fréquence du lieu[1]. Créé vers 150 de notre ère, le temple connut un maximum de fréquentation dans les années qui suivirent. Puis alternent les périodes prospères et plus faibles.

       Vers 375, le lieu est systématiquement et minutieusement détruit, sans doute par la communauté chrétienne locale, assez forte, dans les années qui ont suivi l’échec de Julien l’Apostat de rétablir le paganisme dans l’Empire.

          Le musée actuel de Deneuvre (ICI) reconstitue avec minutie la réalité de l’époque prospère du Temple.

          Sur la colline de Sion, enfin, les celtes vénéraient le dieu de la Guerre Wotan et la déesse de la fertilité et de l'abondance Rosmerta.

        Lors de la conquête romaine de la Gaule, l'enceinte de Sion était une des places forte des Leuques, la concurrente de Toul. La colline connaissait alors un commerce actif avec la péninsule Italique, fait de céramiques campaniennes, d'amphores et de vaisselle métallique. Elle constituait géographiquement un point de contrôle, implanté sur l'axe nord-sud reliant la Saône à la Moselle.

         « De nombreux vestiges d’habitation ont été mis au jour sur le site pour cette période : fondations de murs, caves, fragments de mosaïques. Cet ensemble reflète une certaine richesse, qui se traduit aussi par du mobilier: fibules, épingles, plats et statuettes en bronze (dont le célèbre et magnifique Hermaphrodite[2]).  Au lieu-dit Les Grands Champs (sur la colline de Sion), une nécropole a livré plusieurs tombes à incinération ou à inhumation. Enfin, une inscription au dieu romain du commerce Mercure et à la déesse gauloise de la fertilité et de l’abondance Rosmerta semble indiquer l’existence d’un sanctuaire gallo-romain. »[3]

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    Saxon-Sion, La Côte de Sion, Inscription en l'honneur de Mercure et Rosmerta, musée lorrain-Pierre Mignot

     Sur l'archéologie de la Colline de Sion, c'est ICI

        A ces hauts-lieux prestigieux s’ajoutent de très nombreux petits sanctuaires comme par exemple le temple, repéré en 1999, à Viomenil, dans la forêt de la Pille avec une dédicace à Apollon et Mercure. Il fut fréquenté du 1er siècle (2ème moitié) à la fin du 3ème.[4] On a découvert de très belles statues en grès et beaucoup de fragments d’autres.

        Les musées de la région contiennent de nombreux témoignages de cette époque. Un dimanche d’hiver où l’on ne sait pas quoi faire… les musées sont ouverts.

    [1] Les textes sont quasiment tous écrits en latin ce qui montre une romanisation et une latinisation précoce et forte de la région.
    [2] Que l’on peut admirer au musée du Chapitre d’Epinal parmi d’autres merveilles de cette période.
    [3] Présentation sur site de Sion.
    [4] Op.cit. p. 26 à 31

  • Histoire des chrétiens de Lorraine #3

    3     Continuons à nous familiariser avec nos ancêtres Leuques.

           Les Gaulois étaient des gens religieux même s’il est difficile de bien connaître leurs croyances. Pour leurs sanctuaires, ils aimaient les sous-bois, les sources, les hauteurs. Très vite, ils adoptèrent les dieux romains comme en témoignent de nombreuses épitaphes retrouvées à Naix (Le temple de Mazeroie et son très grand complexe religieux), Châtenois, Soulosse, Sion… : [1] on y trouve Apollon, Jupiter, Mars, Mercure, Hercule aux côtés des déesses mères, plus gauloises : Epona, Rosmerta, Sirona.

           On peut tout de même signaler trois grands sanctuaires :

           Le plus prestigieux est Grand, situé à l’écart de toute route importante, sauf peut-être une voie en direction de Châlons en Champagne récemment identifiée.[2] !

           La cité se développe surtout à partir du 1ersiècle autour du sanctuaire dédié à Apollon Grannus [3] avec un équipement urbain typiquement romain : vastes quartiers, portes, habitations diverses, basilique, vaste amphithéâtre pour 17000 spectateurs, thermes… La ville était entourées de villas gallo-romaines. Et la cité de Liffol-le-Grand pouvait faire partie de l’agglomération de Grand comme le suggèrent les fouilles récentes de la villa de la Goulotte à Liffol. La ville était alimentée en eau par des aqueducs de surface.

           C’est dans ce sanctuaire que se rendit vraisemblablement Constantin lui qui gouvernait la Gaule, l’Espagne et la Bretagne depuis 310, lorsqu’il avait pris la succession de son père Constance Chlore. « Il avait conforté sa légitimité en se mettant sous la protection d’Apollon dont il disait avoir eu la vision dans le temple de Grand et qu’il invoquait sous le nom du Soleil ce que traduit dans ses monnaies, sa légende « Au soleil invaincu compagnon » de l’empereur. Ses panégyristes disaient que cette vision s’était accompagnée de la promesse d’un pouvoir universel. » [4]

           Entrons dans le sanctuaire de Grand : c’est un cheminement rituel. Les pèlerins s’approchent des limites de la cité en faisant acte d’allégeance aux dieux, avec quelques offrandes, gâteaux et fruits. Puis ils entrent dans l’enceinte, passent le portique pour aller à la fontaine sacrée profiter de ses vertus thérapeutiques. Ils vont ensuite se purifier le corps dans l’un des établissements de bains (deux à l’extérieur du rempart, deux à l’intérieur) Un ex-voto trouvé sur le site[5] porte la formule «somno jussus» («ayant reçu des consignes pendant son sommeil»). Cela semble indiquer qu’on y pratiquait l’incubation : sous le portique, couché sur le sol (ou sur la peau d’un l’animal qu’il a offert en sacrifice), le consultant s’endormait et ses rêves étaient censés lui apporter la révélation prophétique qu’il avait sollicitée ou lui donner des indications sur la manière de recouvrer la santé. Apollon lui-même pouvait lui apparaître en songe pour lui indiquer le traitement à suivre. Ce rite d’incubation était pratiqué à Épidaure et, à Rome, dans le sanctuaire asclépien de l’île Tibérine. »

         En 309 ou 310, il est probable que Grand a accueilli celui qui allait devenir l’empereur Constantin, venu prier et consulter Apollon. Selon le Panégyrique de Constantin, l'empereur aurait eu là une vision prophétique , Apollon, accompagné de la Victoire, venant lui offrir des couronnes de laurier.

                Nous continuerons la visite des sites religieux la prochaine fois ! 

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     Photo extraite du CD-Rom "L'empreinte de Rome sur la Gaule"

     Visite de l'amphithéâtre de Grand sur le blog "patrimoine de Lorraine"

    Visite virtuelle de l'amphithéâtre 

     

    [1] Voir musées d’Epinal et Lorrain
    [2] Voir Vivre à la romaine Voyage dans les Vosges antiques publié à la Gazette lorraine en juin 2014 p. 46. Très beau livre sur ce sujet.
    [3] Dieu gaulois accolé en Gaule à Apollon. Dieu solaire comme Belenos (vénéré à Blénod les Toul)
    [4] Cité par L’antiquité tardive en Provence : Naissance d’une chrétienté sous la direction de Jean Guyon et Marc Huijmans. 2013 p. 25-26 Tiré du Panégyrique de Constantin. Voir aussi La vision de Constantin au sanctuaire de Grand et l'origine celtique du Labarum Hatt, Jean-Jacques. Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres Année 1950 Volume 94 Numéro 1 pp. 83-86
    [5] op. cit. p. 48

  • Histoire des chrétiens de Lorraine #2

    2       Promenons nous dans notre pays des Leuques au 1er siècle !

         Notre région est bien peuplée… dans d’autres villes gallo-romaines mais aussi à la campagne. En effet, constatent les historiens « l’éclatement de l’habitat sur l’ensemble du territoire suggère une volonté d’exploitation systématique des campagnes. Les matières premières extraites du sol (récoltes, pierre, bois, minerai…) et les objets finis (poteries, outillages en fer), étaient ensuite commercialisés vers les agglomérations et cités voisines par l’intermédiaire d’un réseau de communication très efficace. L’écart observé entre chaque agglomération est en moyenne de 25 kms, ce qui correspond à une journée de marche ou de déplacement en charrette tirée par des bœufs. »[1]

          Entre les « agglomérations » les villas gauloises maintenues ou devenues gallo-romaines sont très nombreuses et parfois voisines ; entre elles des domaines plus petits. Par exemple entre les grandes villas gallo-romaines de Germainvillers, Damblain et Morimond, on remarque une douzaine de domaines agricoles plus petits. Quel que soit leur taille, ces domaines agricoles regroupent autour de la résidence du propriétaire, les bâtiments agricoles et les maisons pour le logement des serviteurs travaillant sur le domaine et leur famille. Les noms de village qui comprennent le mot « cour » ou « court »  ou « ville » perpétuent la mémoire de ces villas comme « Villers » qui vient du gallo-romain « villare ».

          La villa de Damblain est un magnifique exemple de certaines de ces villas du 1er siècle ! Quelle splendeur ! Elle fut fouillée en 2011 et montra ses beautés en particulier un complexe domestique de Thermes (avec bassins tiède, chaud et froid et vestiaire) de magnifiques décorations de mosaïques, de marbres, de peintures originales… pour 6 personnes ! [2] Le bâtiment résidentiel est long de 45 m et 17 m de large, une cour, bâtiments de services et jardin. 

    Etat actuel des fouilles de la villa de Damblain C'EST ICI

          On trouve d’autres villas gallo-romaines de maîtres dans la région : à Bouzemont,[3] à Grand la villa de la Fontainotte[4], la Goulotte de Liffol …la Lana en Meurthe et Moselle, Ceintrey, …

         Les graines et restes alimentaires découverts dans les fouilles donnent une idée du mode de vie alimentaire du temps. Des céréales (millet commun, orge, blé, épeautre, seigle, avoine…) des légumineuses ( lentilles, pois, fève pavot) des épices (aneth, fenouil, céleri, coriandre, cumin, anis, sarriette des jardins) des arbres fruitiers (poirier, mûrier, pommes, prunes, cerises, coing, figuier, calebasse, melon..) Nourriture variée donc de culture locale ou importée.[5]

                     La suite arrive bientôt !

    [1] Voir Vivre à la romaine Voyage dans les Vosges antiques publié à la Gazette lorraine en juin 2014 p. 46. Très beau livre sur ce sujet. Op. cit. p. 53
    [2] Une reconstitution de ces thermes est réalisée au musée d’Epinal.
    [3] Op.cit. p.64
    [4] op. cit. p. 74
    [5] Fouilles de Grand, Damblain … Même variété dans les fouilles de Metz et Trêves. Op. cit. p. 68 à 73

  • Le Vénérable Dom Didier De La Cour

    MOINE BENEDICTIN  1550-1623

    Le monastère de Moyenmoutier et  St Hydulphe (612 - 707) son fondateur

                Le monastère a été fondé en 671 par le moine St Hydulphe, disciple de St Colomban, l’Irlandais. Né en Bavière, après des études aux écoles de Ratisbonne, il entra au monastère de St Maximin de Trêves. Après quelques années de vie monastique, il fut nommé chorévèque[1] de Trêves, et cela pendant trente années !... mais l’appel à la solitude le hante. Après un passage à Toul, c’est dans cette vallée du Rabodeau qu’il la trouve et qu’il fonde une petite solitude, Medium Monasterium, c’est-à-dire Le Monastère du Milieu, entre Senones (669)  à l’Orient, Etival à l’Occident, St Dié (670) au midi et Bonmoutier (660) au Nord, la sainte Croix des Vosges[2]. Il est bien vite rejoint par quelques disciples - Spinule, Jean et Bénigne - et il construit deux oratoires, l’un dédié à Notre Dame et l’autre à St Pierre ainsi que quelques bâtiments monastiques. Mais les disciples sont si nombreux qu’ils essaiment en petits ermitages à Hurbache, Le Ban de Sapt, St Jean d’Ormont, St Prayel, St Blaise (ancien Bégoncelle), Vézeval, La Haute Pierre, Malfosse... En l’an 1000, ces maisons sont toutes florissantes et on peut parler de « la nébuleuse monastique de Moyenmoutier ».

                Le monastère est régi par la règle mixte de St Benoît - St Hydulphe la connaissait parfaitement puisqu’elle régissait Trêves et qu’il aimait ce saint  auquel il ressemblait tant -  et St Colomban, l’austère irlandais, le maître du Val de Galilée de St Dié. Un village s’établit autour du monastère et une église paroissiale dédiée à St Evre est édifiée. Le Saint Abbé Hydulphe mourut le 11 juillet 707. « St Hydulphe fait figure d’un pionnier de grande classe. Il laissait à sa mort une oeuvre puissamment installée, d’un style original, groupant 300 moines, tant à l’abbaye que dans les celles filiales. Au coeur de cette croix « mystique », il venait de planter un centre vital, un foyer spirituel, civilisateur, dont l’éclat devait se soutenir, en dépit d’éclipses inévitables, pendant plus d’un millénaire.

    (Chan. André Laurent).

                Au XVIème siècle, la situation de l’abbaye n’est pas brillante. La commende a affaibli la communauté en nombre... et en ferveur. Et pourtant c’est la même commende qui va la sauver.... car le nouvel abbé est le Prince Erric de Vaudémont, Evêque de Verdun et abbé de St Vanne de la Verdun.

    Vaines tentatives de réforme.

                Le Concile de Trente (1545-1563) a donné des indications précises pour réformer les religieux[3] et il a demandé de réunir le plus possible les monastères en congrégation pour mieux assurer l’unité et la réforme des maisons. Le Cardinal Charles de Lorraine avait été nommé par le Pape Grégoire XIII légat pour les Trois Evêchés et les duchés de Lorraine et de Bar afin d’y mettre en place la réforme conciliaire chez les religieux, en particulier les bénédictins très nombreux. Les premières tentatives échouèrent tellement que le  bouillant légat demanda au Pape  de supprimer toutes les abbayes de sa légation !

                Devant le refus du Pape, le légat décida de procéder autrement: il choisit une abbaye qu’il voulut réformer pour qu’elle serve de modèle et de foyer pour toutes les autres. Les abbés réguliers lui indiquèrent St Vanne de Verdun et l’Evêque de Verdun , le Prince Erric, accepta. Nous sommes en 1598; le cardinal et l’évêque demandèrent aux moines de St Vanne d’élire un prieur; ceux-ci choisirent un saint religieux, Dom Didier de La Cour, persuadés que son humilité le conduirait à refuser. Ce qui arriva... mais deux moines anciens réussirent à convaincre Dom Didier d’accepter: il prit donc sa charge de prieur dans l’effroi d’une communauté mitigée qui avait élu un moine réformé !

    Le nouveau prieur

                Il était né en 1550 à Montzéville (Meuse) dans une famille de petite noblesse apparentée d’un côté à Nicolas Psaume le grand évêque de Verdun durant le concile de Trente et de l’autre à l’évêque de Toul Christophe de la Vallée.

                Profès de St Vanne de Verdun en 1575 , il étudia à l’université jésuite de Pont-à-Mousson et à Reims. Il fut ordonné prêtre en 1581. Son retour à St vanne fut très difficile: Dom Didier était un moine fidèle et très spirituel; il devint un reproche vivant pour ses confrères qui ne tardèrent pas de le renvoyer faire des études à Pont où il fut condisciple et ami de St Pierre Fourier et de Servais de Lairuelz. Il étudia les langues anciennes (grec, hébreu, syriaque) et passa un doctorat de théologie. De retour à St Vanne, la crise reprit et la communauté l’envoya en mission à Rome de 1587 à 1589 pour se débarrasser de lui. Pendant son séjour romain, Dom Didier enseigna la philosophie aux Minimes du couvent de la Trinité des Monts et ce contact sembla un moment l’attirer vers cette congrégation tant l’opposition des siens était vive à son égard. Rentrant à St Vanne en 1589, dans un climat fort tendu, il dut repartir vivre comme ermite à Rarécourt, fit un essai infructueux chez les Minimes en 1590 et rentra à Verdun. Ce fut alors huit années d’enfouissement et de persécution au monastère. En 1598, il fut donc élu prieur de St Vanne.

    La réforme monastique : les faits.

                Le Prince Erric évêque de Verdun avait obtenu du St Siège un bref papal donnant tout pouvoir pour la réforme de son ordre à Dom Didier. Le nouveau prieur procéda ainsi: ayant assez éprouvé l’opposition irréductible de certains à toute réforme, il prit la décision d’évincer de la communauté de St Vanne tous les récalcitrants en leur octroyant une pension pour vivre, en acceptant même qu’ils constituent une communauté à part dans l’abbaye. Seuls les réformés pouvaient désormais recevoir des novices. C’est d’ailleurs par la réforme du noviciat qu’il commença. Très vite quelques recrues arrivèrent et le 30 janvier 1600, il reçut la profession de cinq nouveaux moines. Bientôt, en 1603, le groupe des réformés fut suffisant pour envoyer  certains à St Hydulphe de Moyenmoutier (sur les conseils du Prince Erric de Verdun abbé commendataire de St Hydulphe) pour réformer l’abbaye sous la conduite du disciple préféré de Dom Didier, Dom Claude François. Les deux monastères créèrent ensemble une nouvelle congrégation bénédictine, de St vanne et St Hydulphe, appelée communément les Vannistes, que le Pape Clément VIII approuva le 7 avril 1604.

    La réforme monastique: les principes.

                Pour lutter contre la commende, la réforme retirait tous les pouvoirs aux abbés[4] pour les donner aux prieurs conventuels afin de sauvegarder le gouvernement monastique de l’abbaye. Le noviciat était réformé et structuré: les idées de Dom Didier furent publiées plus tard et inspirèrent les noviciats bénédictins jusqu’à la Révolution. Dom Didier introduisit la pratique de l’oraison mentale – apprise chez les Jésuites - jusque là ignorée dans la tradition bénédictine.

                Dom Didier insista également beaucoup sur la vocation intellectuelle de la vie bénédictine, « prônant une alliance indissoluble des lettres, de la science et de la piété. » Après leur noviciat , les futurs moines prêtres recevaient une formation qui durait 6 ou 7 ans, selon les candidats. Le lieu d’étude était unique pour toute la congrégation: établi d’abord à Pont-à-Mousson, il fut ensuite installée à l’abbaye de Breuil près de Commercy. Dom Didier rompait avec sa formation scolastique reçue des jésuites de Pont à Mousson pour adopter la méthode de théologie positive que son maître le jésuite Jean Maldonat lui avait enseignée. Il s’agissait de faire la théologie à partir de l’Ecriture, des Pères, des Conciles et du magistère, plus à partir de l’histoire qu’à partir de la philosophie ou de la métaphysique.

                La Congrégation était gouvernée par le chapitre général réuni chaque année. Le président de la congrégation était renouvelé chaque année et les supérieurs des maisons nommés pour cinq ans. Le voeu bénédictin de stabilité était émis pour la congrégation et non plus pour le monastère où l’on entrait. Quant au reste, les coutumes étaient celles du Mont Cassin et un bref papal de 1605 donnait aux prieurs vannistes tous les pouvoirs des abbés.

    La réforme monastique: son succès.

                Les moines du Mont Cassin envoyèrent Dom Laurent Lucalberti visiter les maisons bénédictines lorraines pour les inciter à la réforme vanniste. En sept ans, douze monastères existant choisirent la réforme de Dom Didier et une rapide extension hors de Lorraine commença, en France: le collège de Cluny à Paris, Limoges , Nouviale en Poitou, St Far de Meaux, Jumiège en Normandie.... Le Roi de France approuva très vite cette réforme et les maisons  françaises se rassemblèrent en une congrégation française !, fille de St Vanne, la congrégation de St Maur qui reprit toutes les coutumes vannistes sauf un point: les supérieurs mauristes étaient en poste autant de temps qu’il convenait sans limite de temps ni obligation de changement.

                Dom Didier de la Cour mourut à St Vanne de Verdun le 14 novembre 1623. En 1811, l’église de St Vanne menaçant t ruine, on transféra les restes du vénérable abbé dans la chapelle castrale de Monthairon (Meuse) sa patrie d’origine.

                L’essor de la congrégation de St Vanne se poursuivit très fortement jusque vers 1660. Il se ralentit alors brusquement: jusque vers 1730, la congrégation St Vanne fut déchirée par l’affaire janséniste. Ensuite, persécutée par le gouvernement royal français (la commission des réguliers)  elle reprit son essor et à la veille de la Révolution, elle comportait 622 religieux en 50 maisons.


    [1] Le chorévêque est un dignitaire ecclésiastique adjoint à l’évêque du lieu pour donner la confirmation, les ordres mineurs, pour consacrer les Èglises sans aucun pouvoir dans la direction du diocèse.

    [2] Hydulphe n’était pas sans savoir ce que St Dié avait fondé dans la ville qui porte maintenant son nom et St Gondelbert à Senones et Bonmoutier.

    [3] La 25ème session du 3/11/1563

    [4] 6 abbayes seulement de la congrégation St Vanne étaient gouvernées par un abbé régulier: Moyenmoutier, Senones, Munster, St Airy de Verdun, Faverney  et St Léopold de Nancy

  • Implantation des Jésuites à Nancy (1)

    A l'occasion du départ des Jésuites après 350 ans de présence en Lorraine, nous proposons un parcours dans Nancy et Pont-à-Mousson à la découverte de ce qui reste de leur implantation. On profitera de cette promenade pour décrire leur activité apostolique et culturelle.