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Histoire religieuse - Page 2

  • Les saints lorrains

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    Visite sur les lieux fondateurs de la Doctrine Chrétienne

     

    Sam. 7 avril 2018


    TOUL : Cathédrale (tombe de Vatelot), Mère-école (école normale ) des sœurs.

    LUCEY : Tombe du Père Varnerot et son église.

    BRULEY : Maison natale du Père Jean Baptiste Vatelot

    Lecture du testament de Varnerot et d’un texte spirituel de la Doctrine Chrétienne

     

               avec le Père Jacques BOMBARDIER et Martine BOICHÉ

    rendez-vous :
    au Centre spirituel à 8h pour partir en covoiturage. Retour en fin de matinée.

    ou à 9h
    à la cathédrale de Toul


    renseignements 06 50 83 85 17

     

  • histoire des chrétiens de Lorraine #14

    11 Les raisons de l’adhésion au Christianisme durant l’antiquité tardive.

                Bien sûr, du point de vue de la foi, c’est Dieu qui attire le cœur de l’homme au Christ. « Nul ne peut venir à moi si mon père ne l’attire » dit Jésus. Et quand il parle de ses disciples il dit au Père : « Ceux que tu m’as donnés ». Mais comment se fait l’attirance. Par quelles médiations passe-t-elle ? En voici quelques-unes, les principales, pas forcément par ordre d’importance :

    1 – Au milieu de la prospérité et de la paix romaine, certains aspirent à plus, à une vie moins matérielle, à une vie qui ouvre à l’au-delà, à une vie spirituelle. D’où le grand succès de ce qu’on appelle « les religions à mystères » : Cybèle (divinité née sur le plateau anatolien et adoptée en Grèce et à Rome), Mithra[1] (né en Iran, où on parle de mort et de renaissance, très présent à Rome aux 2ème et 3ème siècles), Isis (reine mythique égyptienne). Elles sont à la fois une préparation à l’entrée dans la foi en même temps qu’elles sont de redoutables concurrents au Christianisme. A la fin du 4ème siècle, au milieu d’une certaine tiédeur chrétienne installée dans un empire qui ne persécute plus, se dessine un grand mouvement de renouveau et de désir de vivre selon l’Evangile. Beaucoup de riches à grande fortune donne leurs biens et se retirent dans une propriété pour la prière et la charité.

    2 – Le réseau de charité qui règne entre les chrétiens dans une société dure, violente et méprisante des pauvres. Peu à peu cette société dure pour les pauvres va apprendre à les secourir.

    3 – L’égalité homme/femme, le respect de la femme et de l’enfant né, l’effacement voulu, désiré, souhaité et réalisé… des clivages sociaux : « il n’y a plus ni esclave ni homme libre, ni grec ni juif, ni homme ni femme, il n’y a que le Christ et vous êtes tous frères en Jésus Christ. » disait St Paul. Dans la communauté chrétienne, dès les origines – songeons à Corinthe, à ses dockers, ses prostituées qui côtoient les riches romains - l’esclave côtoie l’homme libre avec la même dignité, la femme est traitée comme l’homme, l’enfant né est protégé et le droit du père de famille de vie et de mort est aboli. Ainsi s’exprime la lettre à Diognète : « Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n’abandonnent pas leurs nouveau-nés. » ( épitre à Diognète.[2])

    4 – Le témoignage des martyrs : dignité, innocence, joie et force dans le martyre lui-même. « Ne vois-tu pas que l'on jette les chrétiens aux bêtes féroces ? On voudrait en faire des apostats ; vois s'ils se laissent vaincre ! Plus on fait de martyrs, plus on fait de chrétiens. Cette force ne vient pas de l'homme ; le doigt de Dieu est là ; tout ici proclame son avènement. » (épitre à Diognète)

    5 – Chez certains, une recherche de sagesse, d’art de vivre qui fait passer de la philosophie païenne à la Bible et à l’Evangile, avec le sens de la grandeur de la Révélation. « Leur doctrine n’a pas été découverte par l’imagination ou par les rêveries d’esprits inquiets; ils ne se font pas, comme tant d’autres, les champions d’une doctrine d’origine humaine. » (Epitre à Diognète)

                Mais ne nous trompons pas. La conversion est chose difficile et les évêques, théologiens prêtres ou laïcs de ce temps, ont beaucoup à défendre la foi chrétienne contre les tenants du paganisme antique, le manichéisme qui se prétend le vrai christianisme, les philosophes grecs qui ont repris vigueur, le judaïsme toujours vivant et critique face aux chrétiens… et à l’intérieur même de l’Eglise l’hérésie arienne[3] et le pélagianisme[4] nécessitent un combat parfois acharné.

     

    EVANGELISATEURS DE L’EUROPE

    St Boniface En Allemagne, Bavière, Thuringe et en Hollande (Frise)  + martyr en 754 centre Fulda

    Les 7 st Evêques évangélisateurs de l'Espagne + 1er siècle centres Tolède et Grenade
    (Saints TORQUAT, INDALECE, SECOND, CECIle, CTESIPHON, EUPHRASE et Hesychios)                

    St Augustin en Angleterre + 604 centre Canterbury 

    St Willibrord en Frise, Luxembourg + 739 centre Echternach

    St Anschaire au Danemark et en Suède + 865 centre Brême/Hambourg 

    St Cyrille et Méthode chez les Slaves  + 869 à Rome  + 885 en Grande Moravie    centre Velerhad 

    St Vladimir et le baptême de Vladimir + 988 centre Kiev

     

    [1] Il y avait un temple à Mythra en face de la maison du pape Clément de Rome en 95, visible encore dans les fouilles de sa maison, sous l’église St Clément.

    [2] Le texte appelé « Epitre à Diognète » est une défense des chrétiens écrite par un auteur anonyme de la fin di 2ème siècle. L’auteur y montre à la fois la souplesse des chrétiens capables de s’intégrer à la vie quotidienne dans l’Empire et la nouveauté discrète, familiale mais radicale dans leur vie et de leur foi.

    [3] Arius prêtre d’Alexandrie déclarait en début du 4ème siècle que Jésus n’était pas Dieu mais un surhomme intermédiaire entre Dieu et l’humanité. Il a été condamné au Concile de Nicée en 325 qui a affirmé la divinité du Christ. Mais l’arianisme a duré longtemps avec la complicité des rois ou des empereurs.

    [4] Autre hérésie née au 5ème siècle. Le moine Pélage niait que le péché originel ait abîmé l’homme, qu’il soit à l’origine de la mort et transmissible aux autres hommes.. Il pensait que l’homme pouvait se sauver tout seul, à la force de la sa volonté et de sa vertu. Les chrétiens se demandaient alors pourquoi le Christ était venu parmi les hommes. St Augustin lui répondra ; dans la polémique très rude, il sera un peu excessif dans le sens contraire à Pélage. Les Pères de Provence le lui reprocheront. Cet excès augustinien a beaucoup coloré la théologie occidentale.

  • histoire des chrétiens de Lorraine #13

                Les 5ème et 6ème siècles à Toul ont vu une transformation importante de l’Eglise : le transfert du logement de l’évêque et des lieux de prière de la communauté DANS les remparts de la cité. Les invasions nombreuses (Huns, Alamans…) ont sans doute poussé à ce déplacement qui s’opéra au moment de l’invasion des Huns (451) ou après leur passage et leurs destructions à la faveur de la reconstruction.

                Les chrétiens de Toul ont donc quitté l’oratoire construit par St Mansuy où il était enterré – bientôt une communauté monastique va assurer le gardiennage de la tombe – pour s’installer dans la cité, le long des remparts dans le domaine que possédait l’évêque successeur de St Evre, St Albaud. Albaud achève l’église t Maurice commencée par Evre et installe sa résidence dans la propriété qu’il avait dans les murs de Toul, adossée aux remparts, la Cour Albaud[1], ainsi appelée jusqu’à la révolution française.

                En plus de résidence de l’évêque, Albaud (ou peut-être déjà l’un de ses prédécesseurs (St Auspice et St Ursus, on a deux dates possibles) construit trois églises l’un à côté de l’autre, un ensemble épiscopal comme souvent dans notre région (Metz et Trêves par exemple). Une Eglise est dédiée à la Mère de Dieu ( TEOTOKO en grec, définition du Concile d’Ephèse en 431), l’autre à St Etienne (son tombeau est découvert à Jérusalem en 415 et beaucoup de cathédrales reçurent ce patronage en France ) qui contenait la cathèdre de l’évêque et une dernière église, ronde, dédiée à St Jean Baptiste et qui était la baptistère.

                En effet, dans la région qui es la nôtre – la Gaule Belgique – on ne construit pas les édifices de culte comme à Rome où l’Eglise a décidé d’employer come modèle de construction la basilique romaine. De la même manière, on ne célèbre pas la messe comme à Rome. Le rite employé dans no régions et qui s’est constitué à la même époque que le rite romain, est le rite gallican : « Nous savons que cette liturgie comportait de nombreuses processions, beaucoup plus que la liturgie romaine et que les croyants étaient davantage associés au déroulement de la messe. Contrairement à la basilique romaine, où les actes liturgiques trouvaient place dans l’abside à l’extrémité de l’église comme sur une scène de théâtre et où les fidèles regardaient depuis la nef et n’entraient en action qu’à la communion, l’intérieur des églises de Gaule était plus compartimenté et partagé au moyen de clôtures. L’autel ne se dressait pas habituellement dans l’abside mais loin en avant dans la moitié orientale de la nef ; derrière se situait la zone séparée et fermée de la tombe du saint que les pèlerins pouvaient rejoindre par les bas côtés sans liaison avec l’autel… Encore au IXème siècle, le plan de St Gall montrait un vaisseau central « barricadé » avec une circulation s’effectuant uniquement par les bas-côtés. » [2]

                La liturgie gallicane est franco-germanique, très proche de ses sources orientales. Comment ces éléments sont –ils parvenus ? « Plusieurs facteurs : l’influence d’évêques orientaux de grandes Eglises ; les pèlerins gallicans qui rapportaient de Terre Sainte des traditions différentes ; la domination des Ostrogoths en Occident dont beaucoup étaient ariens ; l’influence de Jean Cassien (+435) disciple de Jean Chrysostome installé à Marseille dans les années 415-416 et apportant avec lui les traditions liturgiques et monastiques d’Orient qui ont été progressivement répandues par le monastère de Lérins. »[3] On sait que Toul et la région de La Gaule du Nord était en lien avec Lérins.

                « Si la liturgie romaine est précise, simple, pratique et sobre, la liturgie gallicane est précisément le contraire. Attaché à l’influence orientale et correspondant aux anciennes liturgies orientales, le rite gallican était poétique et théâtral, utilisant bien plus l’encens que dans le rite romain classique. Le rite gallican…introduisit l’encensement de l’assemblée plusieurs fois durant la liturgie ainsi que de l’Evangéliaire et l’autel. Il y avait aussi une plus grande variété de choix de textes liturgiques que dans le rite romain (beaucoup de variantes dans la prière eucharistique, certaines parties changeant chaque jour). Les prières s’adressaient au Christ pour combattre l’hérésie arienne, plus poétiques et donc plus longues. L’Evangéliaire n’était pas seulement porté jusqu’à l’ambon mais en une procession triomphale s’avançant au milieu de l’assemblée avec de multiples acclamations « laus tibi Christe[4] ». On réservait l’ambon à la proclamation de l’Evangile. Les autres lectures et le psaume étaient chantés sur les gradins de l’autel. Les séquences développées des fêtes accompagnaient la procession de l’Evangile. On échangeait la paix avant l’offertoire… Le rite gallican a conservé le latin comme langue liturgique. »[5]

     

    [1] Rue St Waast actuelle.

    [2] Paolo PIVA Art médiéval, les voies de l’espace liturgique Picard 2010 p. 64

    [3] p.93

    [4] « Louange à Toi ô Christ »

    [5] p. 93-94

  • histoire des chrétiens de Lorraine #12

    CIMG1649.jpg  Nous nous sommes quittés la dernière fois sur le baptême de Clovis roi des Francs par St Remy à Reims. Clovis fut catéchisé par St Waast, prêtre de Toul, prêté au Roi par St Ursus l’évêque de la cité des Leuques.

      Commence alors à Toul le service épiscopal de St EVRE de 500 à 507.

      Evre[1] était né dans l’Aube, près de Troyes, à Trancault. Tout jeune garçon, il se fit remarquer par des gestes étonnants de charité : ainsi il revint un jour sans sa cape qu’il avait donnée à un pauvre. Il fut moine un temps dans le monastère de St Maurice d’Agaune, dans le Valais suisse où il fut formé. Il y apprit l’habitude de la « laus perennis »[2] pratiquée dans ce monastère : les moines étaient constitués en petites groupes qui se succédaient au chœur de l’église du monastère pour chanter la louange de Dieu sans interruption.

      Il quitta Agaune et sans qu’on sache comment ni pourquoi il vint s’établir comme ermite dans la forêt qui entourait Toul, du côté de la route Toul /Sion.[3] C’était une habitude en Gaule d’avoir des monastères urbains, à côté des villes épiscopales : que l’on songe par exemple à Ligugé de St Martin aux ports de Poitiers du temps de St Hilaire.[4] Des disciples arrivèrent et un petit monastère fut fondé : une église en bois, une maison commune (réfectoire) et des petites huttes dispersées dans la forêt, une pour chaque moine. Par la suite, Evre entreprit de construire une église plus vaste dédiée à St Maurice.

      C’est à ce moment-là qu’il fut appelé à devenir évêque de Toul. Il continua à résider dans son abbaye. Ill ne quittait guère sa ville et son abbaye même si on le trouve à Châlons sur Saône pour arracher trois prisonniers à un procès injuste. Ceux-ci donnèrent à Toul en souvenir, leurs chaînes, qui sont dans un reliquaire. Et souvent St Evre est représenté en statue tenant ces chaînes.

      A sa mort, Evre fut enterré dans l’église St Maurice comme plusieurs de ses successeurs. On a retrouvé leurs tombes dans des fouilles du siècle dernier.

      Ce 6ème siècle de St Evre nous offre aussi un très beau témoignage de foi : il s’agit de stèle chrétienne de Nicetius. Nous sommes dans la communauté chrétienne de Sion : la ville est prospère ; les tombes découvertes à Chaouilley et datant du 6ème sont des tombes aristocratiques parmi les plus riches jamais découvertes en Lorraine. Nicetius est un jeune garçon mort précocement. Son père lui dédie une épitaphe[5] – en partie défectueuse - que voici : « Un dernier hommage t’es rendu par ces prières que l’affection d’un père le presse à t’accorder, pauvres Nicetius. Lui qui repose maintenant dans ce tombeau, l’âme confiante, il ressuscitera au Ciel avec le Christ, il aspire à recevoir le prix splendide du combat (…) avec beaucoup (…) » Nous avons là un beau témoignage de foi en la résurrection du Christ et des fidèles et une très allusion à St Paul ( le prix du combat)

      Avec St Evre, nous avons donc un diocèse – une Eglise particulière comme dit le Concile Vatican II - : un peuple de Dieu qui se développe, un évêque à la tête de la communauté avec des prêtres et des diacres, et deux formes de vie consacrée : les moines de ce qui deviendra l’abbaye St Evre… mais aussi les Vierges consacrées.

      Très tôt en effet, l’Eglise a soutenu des femmes qui ne voulaient pas se marier et refusaient le parti que leurs pères leur imposaient. La Communauté les prit sous sa protection. Elles vivaient pour le Seigneur Jésus seulement, dans le célibat, la prière et le service des autres, au cœur de l’Eglise locale, sous la protection de l’évêque. Nous savons que durant l’épiscopat de St Evre et sans doute après lui, sa sœur Aprône fut vierge consacrée à Toul. Le saint évêque et sa sœur sont représentés en fresques sur le mur du transept droit de la cathédrale de Toul.

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    Reliquaire de Saint Epvre dans la basilique Saint Epvre de Nancy 

    [1] Une Vie de St Evre fut écrite vers la fin du 10ème siècle à l’abbaye de Montier en Der, sous la forme d’un texte cadencé comme une préface de la messe ou comme une prose liturgique. Voir Nicole Gauthier l’Evangélisation des Pays de la Moselle Ed de Boccard 1980 p. 230 à 248

    [2] Mot à mot « la louange perpétuelle »

    [3] La route toute droite qui passe par Colombey les Belles

    [4] Déjà au début du 4ème siècle.

    [5] Un fac-similé se trouve dans la basilique de Sion, près du chœur côté gauche.

  • Concert lecture du 14 janvier 2018.

    Le maître livre de la spiritualité des Sœurs de la Doctrine Chrétienne : les Petites Méditations 1739.

    Une cinquantaine de personnes étaient rassemblées hier dans la salle Magdala de la paroisse st Pierre pour ce concert lecture, don tune délégation des Sœurs de la Doctrine venues en voisines de la Maison St Joseph principalement ou de la Maison Mère.

     

    La présentation a commencé par l’audition d’un vieux noël lorrain, tiré de la Bible des Noëls chantée dans le région durant tout l’Avent pour se préparer à la fête.

     

    Brève biographie du « fondateur »

    La première école fut fondée à Lucey en 1683 par le curé Claude Varnerot et sa nièce.

    Elle fut suivie de nombreuses fondations dans les villages environnants

    1688 : naissance à Bruley de Jean Baptiste Vatelot, milieu des vignerons

    formé au séminaire janséniste de Toul

    1716 : entrée au chapitre comme « vicaire sacristain » après son ordination par Mgr Boulet de Camilly évêque de Toul

    1717 nommé par le chapitre « administrateur des écoles du diocèse de Toul au temporel et au spirituel ». Il le sera jusqu’à sa mort.

     

                     Sa marque sur la fondation est très forte par plusieurs actes très importants :

    1719 : grâce à l’héritage du chanoine Philippe le Vacher, Vatelot fonde à Toul, dans la paroisse St Jean du Cloître, une école normale de formation des sœurs d’école qu’il appelle la « Mère Ecole ». Les sœurs y acquièrent leur compétence pédagogique et spirituelle et y reviennent chaque année pour un temps de formation et de retraite.

    1739 : les sœurs reçoivent un livre sur la méthode d’enseignement et de conduite de la classe : « La méthode familière ».

    1739 : le livre de spiritualité de la sœur : Les Petites Méditations, recueil de 10 méditations mensuelles … augmentées de deux, dans l’imitation des précédentes, par l’évêque Drouas de Broussey en 1772.

    1733 : Vatelot avait été appelé au chapitre cathédrale par son ami Alexandre Martel dont c’était le tour de nomination. DE 1733 à 1748, date de la mort du chanoine, Vatelot va se consacrer à la vie de prière du chapitre (très importante et variée) et les très nombreuses fondations d’écoles nécessitant de nombreux déplacements dans els villages tant pour le fondations nouvelles que pour la visite des écoles déjà fondées.

    1748 : mort de Vatelot et inhumation dans la même tombe que celle de Claude de l’Aigle chanoine de Toul très grande personnalité spirituelle et administrative, l’ami intime de Vatelot.

                                                                                         

    Puis commença la lecture de textes tirés des Petites Méditations… entrecoupée d’ audition de morceaux de musique que Vatelot aurait pu entendre dans la cathédrale de Toul où la vie musicale religieuse était très vivante. Voici seulement quelques extraits de ce qui fut lu.

     

    Toute méditation commence par un appela l’adoration de Dieu. Et chaque méditation souligne un motif de cette adoration. En pleine époque janséniste, Vatelot propose à ses sœurs de contempler le Dieu qui veut sauver tous els hommes, qui veut les conduire au bonheur, un Jésus modèle du maître ardent et doux … C’est stupéfiant et magnifique très inspiré par St Paul aux Ephésiens. Voici la « collection sainte » des motifs d’adoration. Les titres - en vert - sont de nous. 

    Le plan du salut Adorez Jésus-Christ, qui veut que "tous les hommes soient sauvés". Adorez Dieu dans son amour incompréhensible pour les hommes ; et dans les moyens, dont il se sert, pour les faire arriver au bonheur éternel, qu'il leur a préparé dans le ciel ; et considérez la part qu'une Soeur d'Ecole peut avoir dans les vues miséricordieuses de la divine providence. Dans l’Eglise Adorez Jésus Christ. qui a établi différents ouvriers, pour travailler à l'édifice du corps de l'Eglise, dont il est lui-même la pierre angulaire Adorons en regardant le Maître agir Adorez Jésus Christ donnant les leçons du salut aux peuples, qui le suivaient en foule. Adorez Jésus-Christ, le modèle accompli de tous les maîtres Le Maître qui voit les cœurs Adorez Dieu, en qui nous avons la vie, le mouvement et l'être. Adorez Dieu, à qui nulle créature n'est cachée ; aux yeux de qui tout est à nu et à découvert. Adorez Dieu, qui est le principe et la fin de toutes choses Un maître dont le cœur est passionné et doux à la fois, l’Enfance spirituelle. Un maître qui appelle à la sainteté. Adorez Jésus Christ qui nous dit : Qu'il est venu apporter le feu sur la terre, et que sa volonté est, qu'il brûle et que nous soyons embrasés. Adorez Jésus Christ qui, pour vous faire estimer la vertu de douceur, vous la prêche par son exemple, et se propose lui-même à vous, comme le modèle que vous devez copier. Adorez Jésus-Christ, qui nous dit : Soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait. Adorez Jésus-Christ qui vous assure que celui-là sera le plus grand dans le royaume des cieux, qui se rendra petit comme un Enfant ; et que celui qui recevra en son nom un enfant, c'est Jésus Christ même qu'il recevra.

    Dans 6 méditations sur les 12, Vatelot explicite la mission de la Sœur d’Ecole pour en montrer la beauté, la profondeur de l’Apostolat et les exigences. Voici quelques extraits principaux de cette vocation… qui peut servir à la méditation de tout apôtre, même fidèle laïc ! Les titres en orange sont de nous.

     

    Cette vocation est ecclésiale au sens large : « Voilà ce que veut de vous l'Esprit Saint, qui vous a appelées.. ce que demande de vous l'Eglise, par la bouche de l'Evêque, qui en vous approuvant pour cette sainte fonction vous déclare de sa part, qu'elle attend ces fruits de votre vigilance et de votre charité; ce que les Pasteurs, dans les Paroisses desquels vous êtes envoyées, se promettent de votre zèle.. ce qu'ont droit d'exiger de vous les pères et les mères, qui dans l'impossibilité, où ils sont d'instruire eux-mêmes leurs enfants, croient avec raison pouvoir se reposer sur vous, du soin de leur éducation» (1/3) Cette vocation est « pastorale ». «Vos obligations sont grandes. J'oserais presque dire, que c'est une espèce d'Apostolat...» (11/2) « Ne peut-on pas dire qu'elles remplacent en quelque sorte les Diaconesses des premiers siècles de l'Eglise, dont l'emploi était d'instruire les néophytes de leur sexe, des devoirs de la Religion, et de les préparer au Baptême? » (2/1) Cette vocation s’insère…dans l’apostolat des apôtres : « Une Sœur d'Ecole, par son Etat, est associée en quelque sorte au ministère sacré des Apôtres, des Pasteurs et des Prédicateurs de l'Evangile… » (12/1) « Quelque rebut que vous ayez à essuyer dans les lieux, où vous serez envoyée, quelque mauvais traitement qu'on vous y fasse éprouver, dites avec l'Apôtre: Je puis tout en celui qui me fortifie. C'est pour son amour que je me suis dévouée toute entière à cet emploi. Je me trouverais n'avoir qu'un Enfant à instruire, que je me trouverais encore trop honorée d'être consacrée à son instruction. Mon Sauveur serait bien mort pour moi, quand il n'aurait eu que moi à racheter et à sauver.» (2/3) « Aussi font-ils ma joie: c'est ainsi que, comme membre de Jésus-Christ, je remplis ma mesure de ce qui me manque aux souffrances de ce divin chef. … pastorale comme les pasteurs de l'Eglise « Une Maîtresse d'Ecole fait en partie l'office des Pasteurs parce qu'elle dispense en leur nom et sous leur autorité, le pain de la parole de Dieu aux jeunes filles et qu'elle est substituée pour travailler sous eux au salut des âmes. Les Pasteurs doivent enseigner la doctrine Chrétienne: c'est ce que fait une Sœur d'Ecole, qui rassemble chez elle, comme dans une petite Eglise, les jeunes filles, pour les former à la Religion. Les Pasteurs doivent jeter dans l'âme des Enfants les premières semences de la crainte et de l'amour de Dieu: c'est ce que fait une Maîtresse, qui délie, pour ainsi dire, la langue bégayante de ses tendres élèves, pour consacrer les premiers sons qu'elles articulent, par la prononciation du Saint nom de Dieu et qui leur apprend les éléments de la Religion, dès qu'elles commencent à parler. Il est du devoir des Pasteurs de disposer à la réception des Sacrements, par les exercices d’une véritable et solide piété : n’est-ce aussi ce que font les Maîtresses toujours occupées à inspirer aux jeunes filles le goût de la vertu et disposer à la réception des Sacrements ? (2/1) « Elle participe au ministère sacré des Pasteurs chargés de veiller sur les âmes rachetées au prix du sang d'un Dieu. Elle fait d'une manière visible, à l'égard des âmes, ce que font les Anges d'une manière invisible. Elle marche sur les traces de Jésus-Christ même, qui n'a conversé parmi les hommes que pour les instruire, et les conduire à la félicité éternelle. » (11/2) Au sommet de cette « échelle apostolique », le Seigneur Jésus, dont la sœur poursuit l'œuvre. « Une Sœur d'Ecole fait l'office même de Jésus Christ et 'elle continue ce qu'il a commencé sur la terre. Qu'est-il venu y faire en effet? Enseigner les ignorants, publier les vérités de son Evangile, rappeler les hommes des voies de la perdition, leur montrer celle qui conduit à la vie éternelle. Dans le cours de ce ministère pénible, quelle affection, quelle bienveillance n'a-t-il pas montré pour les Enfants !…Voilà le modèle adorable d'une Maîtresse d'Ecole. Elle suit les traces de Jésus Christ. Elle continue ce qu'il a commencé: elle dit comme lui, laissez approcher de moi ces Enfants, je me consacre, je me dévoue à leur instruction, je veux leur enseigner la doctrine de la vérité, et leur montrer le chemin qui conduit à la vie, je ne serai point importunée de leur trop grand nombre,' je ne me rebuterai pas de leurs traits d'enfance, de leur naturel pesant ou trop vif, de leurs fautes et de leurs chutes continuelles. Le Seigneur les a chéris, il les a admis à son Ecole. Quoi de plus glorieux pour moi, que de continuer ce qu'il a commencé ! Je ne continue plus seulement le ministère de Jésus Christ. Il est lui-même l'objet du mien.. puisqu'il m'assure lui-même que ces Enfants sont d'autres lui-même; qu'il tient comme fait à lui-même, ce que je ferai pour leur service et pour leur bien ». (2/3) Cette vocation est à comprendre dans la grâce du baptême. « Les Sœurs d'école sont établies de Dieu et de l'Eglise, pour aider les jeunes filles à conserver la grâce et l'innocence qu'elles ont reçues sur les Fonts sacrés du baptême. Plus l'innocence des enfants est un trésor inestimable, plus vous devez être attentives et vigilantes sur le « dépôt »[1] qui vous est confié. On peut vous dire, comme Saint Paul l'écrivait à son disciple Timothée, Gardez le dépôt de qui vous a été mis en main. » C'est à vous de suppléer à leur incapacité, et de faire pour elles les actes qu'elles ne peuvent faire encore, de les aider avec douceur et patience, faire ceux que vous pouvez juger n'être pas au dessus de leur portée, de leur conseiller de se retirer tous les ans le jour de leur baptême aux pieds des Fonts baptismaux, pour y remercier Dieu de la grâce précieuse qu'elles y ont reçue et y faire les mêmes protestations que leurs Parrains et Marraines y ont faites pour elles, lorsqu'on les y apporta pour être lavées de la tache mortelle du péché. » (3/2)

    [1] L'auteur appuie son argumentation sur un texte de St Paul dans la 1ère épître à Timothée.

     

  • A la découverte de la spiritualité chrétienne en Lorraine...

  • histoire des chrétiens de Lorraine #11

    11     Ainsi arriva la réflexion chrétienne chez nous, déjà bien élaborée et pensée au sein de la culture antique qui était aussi celle de nos anciens gallo-romains ! « Ni éliminé ni poursuivi, le savoir grec se perpétua donc tout en étant transformé. A ce jeu, Platon l’emporta sur Aristote, Homère et les orateurs furent sauvés, ainsi que les savoirs mathématiques et médicaux conservés, tandis que les Tragiques sombraient dans l’oubli – le théâtre disparaît complètement à l’époque patristique – et que els historiens n’étaient plus connus que par bribes. Le christianisme connut en outre un processus d’aspiration à la rationalité pour défendre, analyser et expliquer le dogme... Cette continuité réelle ne s’effectua pas sans rupture ou inflexions notables. Une approche prudente est de mise. »44

      Nous allons retrouver les fruits de ce travail magnifique de confrontation entre la foi et la culture antique dans ce subtil résultat, dans la personnalité des évêques de Toul du temps.

       Les   évêques   

     L’évêque AUSPICE (460-470) était ami de St Sidoine Apollinaire (430-489): cet homme politique, évêque et écrivain gallo-romain, était né à Lyon en 430 et mourut à Clermont en 486. Préfet de Rome en 468, évêque d'Auvergne en 471, il est également connu pour son œuvre littéraire (Lettres et Poèmes). Nourri de la culture antique – sans doute lacunaire - notamment par les vers d’Ovide et de Virgile, il devient l’un des poètes et des écrivains les plus fameux du siècle. On recherche son contact ou sa collaboration, particulièrement les personnalités officielles, même les plus illustres.

      Sidoine parle de l’évêque Auspice de Toul avec beaucoup d’éloge et d’honneur :

    « Fut Auspice évêque de l’Eglise de Toul en Gaule, homme particulièrement docte et pieux, comme il apparaît dans la lettre en prose rythmée qu’il écrivit à Arbogaste comte de Trêves, qui l’exhortait à rompre avec l’avarice et la cupidité. » Arbogaste avait demandé à Sidoine une règle de conduite ; Sidoine s’excusa et envoya le jeune homme à Auspice et à Loup de Troyes.

       En 470 et jusqu’en 496, l’évêque URSUS (= ours) assure le gouvernement de l’Eglise de Toul. Sous son épiscopat, se déroula un événement qui devait marquer pour longtemps l’histoire de l’Evangile !       

      Les Alamans ayant franchi le Rhin une nouvelle fois, menaçaient la Basse Moselle. Sigebert roi des Ripuaires les arrêta d’abord à Tolbiac, aujourd’hui Zülpich, en Rhénanie du Nord-Westphalie, mais craignant d’être débordé, il fit alliance avec Clovis chef des Francs Saliens ; Clovis accourut du bassin de l’Escaut et défit les Alamans en Alsace en 496, bien que l’issue du combat parut très incertaine et que Clovis ait dû invoquer « le Dieu de Clotilde » pour l’aider à la victoire.

    waast.jpg   Passant par Toul, à son retour, il demanda un catéchiste à Ursus qui confia Clovis au prêtre Waast pour répondre à ses questions et l’instruire. Franc comme Clovis, Waast devait pour voir parler librement avec le roi. Cet événement est capital religieusement parlant.

        En effet, l’hérésie arienne qui niait la divinité du Christ était très répandue en Orient et en Occident avec, plus ou moins, la complicité des autorités publiques. Les Conciles de Nicée en 325, Constantinople en 381 – d’où est issu le symbole que nous récitons à la messe – et le concile de Chalcédoine en 451 avaient explicité la foi de manière nette et claire. Mais la résistance arienne restait forte. Il est plus facile pour la raison de croire en un Dieu unique et un grand prophète plus qu’en en un homme Fils de Dieu. Notre région et celle de Reims étaient fidèles à la foi de l’Eglise. St Clotilde bien que Burgonde – les Burgondes étaient ariens – était catholique. Clovis en devenant catholique et non arien fit basculer une grande partie population dans la foi catholique et ainsi favorisa la disparition de l’arianisme.       

       « Les conditions d’évangélisation auprès des barbares, écrit le Père Cantalamessa, se présentaient sous une tout autre forme, différente de celles que l’on connaissait avec le monde grec et romain, où le christianisme avait devant lui un monde cultivé, organisé, avec des règles, des lois, des langages communs. Il avait, pour ainsi dire, une culture avec laquelle dialoguer, se confronter. Maintenant il allait devoir faire face à deux tâches en même temps : civiliser et évangéliser. Enseigner la lecture et l’écriture, tout en formant à la doctrine chrétienne. L’inculturation se présentait sous une forme totalement inédite. »

       A Toul, ALBAUD successeur de EVRE fondera une école épiscopale qu’il confiera à Antimond qui lui succèdera comme évêque. Cette Ecole cathédrale sera d’une très grande qualité pendant de longs siècles. Cette tâche de civilisation est donc commencée au début du 6ème siècle.

                

  • histoire des chrétiens de Lorraine #10

    10  Christianisme et culture antique.

    Comment s’est passée la rencontre entre le christianisme naissant et la culture gréco-romaine antique ? Quand la foi chrétienne arriva dans nos régions du Nord de l’Europe, la rencontre avait déjà eut lieu, principalement en Orient, et les relations étaient déjà posées dans ses grandes options.

    Evoquons rapidement cette « rencontre » et explicitons le résultat qui arrive chez nous ! Nous avons vu comment très vite la culture antique et la foi se sont rencontrées chez nous cher St Vincent de Lérins ou St Loup.

       « Le christianisme est une religion et son objectif initial n’est pas de promouvoir les sciences et les arts. » La foi chrétienne commença par être très résolument hostile à la culture antique parce qu’elle était païenne !... même si les premiers chrétiens étaient imprégnés de cette culture qui étaient la leur quand ils vinrent à la foi ! (C’est vrai pour St Justin, Tatien, st Clément d’Alexandrie...) Les 1er siècles en fait aboutirent à « une christianisation des savoirs antiques ». Il se fit un grand tri dans le savoir antique, tri entre ce qui n’était pas compatible avec le foi et ce qui l’était ! Et « à la fin de l’Empire romain d’Occident, la culture antique était passée du statut « d’héritage discuté » à celui de « patrimoine accepté » et le monde lettré, selon les termes de P Athanassiadi, « d’une culture anthropocentrique à une culture théocentrique ». Le changement était d’importance. »

       La grande question était d’établir si on avait le droit de recourir aux connaissances antiques ou s’il fallait s’en tenir uniquement à l’enseignement biblique. La réponse prit un peu de temps et de débats mais on aboutit à ceci :

     - « l’élément déterminant fut ici que les chrétiens n’avaient pas mis en place une école confessionnelle centrée sur les Ecritures ; il n’y avait pas d’école évangélique. »

      - « Tout le monde continuait de passer par le modèle scolaire antique, la païdeia, grec à l’origine puis adopté par les romains. » Tout le monde apprenait à lire dans la littérature païenne, dans le théâtre, les livres d’histoire et de philosophie. Ce modèle des 7 disciplines fondamentales qui courut durant tout le Moyen Age jusqu’à la Renaissance en Europe, appelés à devenir « les Arts libéraux » des facultés jésuites fut mis en place sans doute au 3ème siècle.

      Le premier contact fut un choc frontal, culture grecque, foi chrétienne. Tertullien déclara : « Qu’y - a-t-il de commun entre Athènes et Jérusalem ? Entre l’Académie et l’Eglise ? » Mais très tôt d’autres auteurs furent plus nuancés et plus positifs tout en restant vigilants: St Justin philosophe devenu chrétien et martyr, St Clément d’Alexandrie.. Un peu plus tard, St Basile de Césarée « affirma l’utilité de lire les auteurs profanes. » St Grégoire de Naziance parle du tri à faire et il ajoute, positif, « Il n’est pourtant pas jusqu’à ces erreurs mêmes qui ne puissent nous servir à la piété, en nous faisant comprendre le bien par le contraste du mal, en prêtant leur faiblesse à la force de notre doctrine. »39

       Mais le grand artisan de l’acceptation positive et transformante pour la culture antique par la recherche religieuse chrétienne est Origène dans son école de Césarée de Palestine. «Le remerciement de Grégoire à Origène (vers 233-238) témoigne de l’ouverture de son enseignement à la majorité des écoles philosophiques. » On mit la philosophie au service du dogme chrétien... ce qui lui fit un peu violence mais permit aussi la survie de la philosophie antique ! Et le Concile de Nicée en 325, devant

    l’obligation expliquer et d’expliciter le langage biblique eut recours au vocabulaire grec et à des termes grecs précis pour définir les relations du Père et du Fils au sein de la Ste Trinité. « C’est ainsi que les chrétiens ont procédé à une relecture de la philosophie païenne, en l’interprétant et en l’évaluant à la lueur de la Révélation. »

       Les chrétiens ne créèrent pas une culture complètement nouvelle en faisant table rase du passé grec. Ils firent avec le matériau dont ils disposaient quitte à inverser le sens de la recherche culturelle : de l’anthropocentrisme au théocentrisme. « Le christianisme se développa au sein de la culture antique, en partie en opposition contre elle mais aussi en subissant son influence et en l’infléchissant en retour. »

      Cela se constate particulièrement dans la façon d’écrire l’histoire que la foi chrétienne changea complètement. Les chrétiens héritaient à la fois de la façon de faire juive et de celle de faire grecque ! Au début, avec Eusèbe de Césarée, on sent encore les modèles anciens. Mais à partir du 5ème siècle, la façon de faire chrétienne émerge et se confirme : on insiste sur la succession des empires et sur la chronologie en remontant à l’origine du monde ; on introduit des considérations géographiques et ethnographiques. «Alors que les auteurs païens voyaient dans l’Histoire ou bien un moyen de se remémorer les hauts faits ou bien la révélation de l’essence humaine,...alors que les juifs se cantonnaient principalement à une Histoire sainte, les chrétiens y virent l’élucidation du devenir universel de l’Humanité, lié à la mission de l’Eglise. » L’histoire a un sens, on va vers la venue Royaume de Dieu.

  • Histoire des chrétiens de Lorraine #9

    La vie chrétienne dans notre région du 5ème au 6ème siècle.     

    9

    La foi chrétienne s’implante progressivement... et lentement dans notre région... dans les villes ou petites cités, dans les domaines ruraux assez vastes, dans les familles patriciennes comme dans le peuple. L’origine sociale de nos deux martyrs – fils de patricien et bergère – le montre.

             5ème siècle

    L’élite de cette période à laquelle appartiennent les évêques et bien des clercs est particulièrement cultivée et savante. Ils ont assimilé et développé le meilleur de la culture gréco-romaine dans un pays qui a accepté facilement la romanisation. Deux célébrités nées à Toul marquent le siècle : Loup futur moine de Lérins et évêque de Troyes et Vincent moine de Lérins et théologien.

    Statue_de_saint_Loup.jpeg         Loup naquit à Toul vers 395. Il épousa Piménolia, la sœur de St Hilaire d’Arles. Après 7 ans de mariage, les deux époux, d’un commun accord, se retirèrent du monde : Loup à Lérins, sous la direction de St Honorat. Au bout d’un an, Loup vend à Mâcon les propriétés qu’il y possède et donne l’argent aux pauvres. Nous sommes en 425. Passant à Troyes, il y est élu évêque. En 429, il accompagne St Germain d’Auxerre dans sa mission en Bretagne pour arrêter la propagande pélagienne. En 451, alors que les Huns sont à Troyes, il rencontre Attila et le convainc de ne pas ravager la ville. Il meurt à Troyes en 479.

             La vie de St Loup est très intéressante : elle nous montre comment ont évolué dans leur foi certains couples de patriciens : chrétiens peut-être déjà un peu tièdes, lettrés, parfois hommes politiques, mariés, avec de grandes possessions ; puis à un moment, naît le désir de vivre l’Evangile au pied de la lettre : vente des biens, séparation du couple et épiscopat ou vie monastique pour l’homme. Nous pouvons rapprocher de cette vie de St Loup, celle de St Hilaire de Poitiers (315-367), St Paulin de Nole (353-431) ... St Sidoine Apollinaire (430- 489)... Ecoutons Benoît XVI évoquer cet itinéraire de Paulin qui vaut sans doute pour St Loup : « La conversion de Paulin impressionna ses contemporains. Son maître Ausone, un poète païen, se sentit "trahi", et lui adressa des paroles amères, lui reprochant d'une part le "mépris", jugé insensé, des biens matériels et, de l'autre, l'abandon de la vocation de lettré. Paulin répliqua que son don aux pauvres ne signifiait pas le mépris des choses terrestres, mais plutôt leur valorisation pour l'objectif plus élevé de la charité. Quant aux engagements littéraires, ce dont Paulin avait pris congé n'était pas le talent poétique, qu'il aurait continué à cultiver, mais les thèmes poétiques inspirés de la mythologie et des idéaux païens. Une nouvelle esthétique gouvernait désormais sa sensibilité: il s'agissait de la beauté du Dieu incarné, crucifié et ressuscité, dont il se faisait maintenant le chantre. En réalité, il n'avait pas abandonné la poésie, mais il puisait désormais son inspiration dans l'Evangile, comme il le dit dans ce vers: "Pour moi l'unique art est la foi, et le Christ est ma poésie" ("At nobis ars una fides, et musica Christus": Chant XX, 32).29              

            Vincent, lui aussi, est né à Toul, d’une famille illustre des Gaules, dans les mêmes années que Loup. Il est peut-être même le frère de Loup. Il commence sa carrière par le métier des armes puis se retire à Lérins sous la conduite d’Honorat et devient prêtre. C’est un très bon connaisseur de la Bible et de la tradition théologique. Il tient que l’Ecriture ne peut être lue sans la Tradition. Il meurt en 448 ou 450 après avoir écrit une belle œuvre théologique et s’être fortement opposé à St Augustin sur le péché originel et surtout sur la prédestination. Il est surtout connu pour son Commonitorium (écrit en 434) et sa théologie du développement des dogmes et de la doctrine. (texte du Commonitorium sur le site patristique.org ICI )