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histoire des chrétiens de Lorraine #14

11 Les raisons de l’adhésion au Christianisme durant l’antiquité tardive.

            Bien sûr, du point de vue de la foi, c’est Dieu qui attire le cœur de l’homme au Christ. « Nul ne peut venir à moi si mon père ne l’attire » dit Jésus. Et quand il parle de ses disciples il dit au Père : « Ceux que tu m’as donnés ». Mais comment se fait l’attirance. Par quelles médiations passe-t-elle ? En voici quelques-unes, les principales, pas forcément par ordre d’importance :

1 – Au milieu de la prospérité et de la paix romaine, certains aspirent à plus, à une vie moins matérielle, à une vie qui ouvre à l’au-delà, à une vie spirituelle. D’où le grand succès de ce qu’on appelle « les religions à mystères » : Cybèle (divinité née sur le plateau anatolien et adoptée en Grèce et à Rome), Mithra[1] (né en Iran, où on parle de mort et de renaissance, très présent à Rome aux 2ème et 3ème siècles), Isis (reine mythique égyptienne). Elles sont à la fois une préparation à l’entrée dans la foi en même temps qu’elles sont de redoutables concurrents au Christianisme. A la fin du 4ème siècle, au milieu d’une certaine tiédeur chrétienne installée dans un empire qui ne persécute plus, se dessine un grand mouvement de renouveau et de désir de vivre selon l’Evangile. Beaucoup de riches à grande fortune donne leurs biens et se retirent dans une propriété pour la prière et la charité.

2 – Le réseau de charité qui règne entre les chrétiens dans une société dure, violente et méprisante des pauvres. Peu à peu cette société dure pour les pauvres va apprendre à les secourir.

3 – L’égalité homme/femme, le respect de la femme et de l’enfant né, l’effacement voulu, désiré, souhaité et réalisé… des clivages sociaux : « il n’y a plus ni esclave ni homme libre, ni grec ni juif, ni homme ni femme, il n’y a que le Christ et vous êtes tous frères en Jésus Christ. » disait St Paul. Dans la communauté chrétienne, dès les origines – songeons à Corinthe, à ses dockers, ses prostituées qui côtoient les riches romains - l’esclave côtoie l’homme libre avec la même dignité, la femme est traitée comme l’homme, l’enfant né est protégé et le droit du père de famille de vie et de mort est aboli. Ainsi s’exprime la lettre à Diognète : « Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n’abandonnent pas leurs nouveau-nés. » ( épitre à Diognète.[2])

4 – Le témoignage des martyrs : dignité, innocence, joie et force dans le martyre lui-même. « Ne vois-tu pas que l'on jette les chrétiens aux bêtes féroces ? On voudrait en faire des apostats ; vois s'ils se laissent vaincre ! Plus on fait de martyrs, plus on fait de chrétiens. Cette force ne vient pas de l'homme ; le doigt de Dieu est là ; tout ici proclame son avènement. » (épitre à Diognète)

5 – Chez certains, une recherche de sagesse, d’art de vivre qui fait passer de la philosophie païenne à la Bible et à l’Evangile, avec le sens de la grandeur de la Révélation. « Leur doctrine n’a pas été découverte par l’imagination ou par les rêveries d’esprits inquiets; ils ne se font pas, comme tant d’autres, les champions d’une doctrine d’origine humaine. » (Epitre à Diognète)

            Mais ne nous trompons pas. La conversion est chose difficile et les évêques, théologiens prêtres ou laïcs de ce temps, ont beaucoup à défendre la foi chrétienne contre les tenants du paganisme antique, le manichéisme qui se prétend le vrai christianisme, les philosophes grecs qui ont repris vigueur, le judaïsme toujours vivant et critique face aux chrétiens… et à l’intérieur même de l’Eglise l’hérésie arienne[3] et le pélagianisme[4] nécessitent un combat parfois acharné.

 

EVANGELISATEURS DE L’EUROPE

St Boniface En Allemagne, Bavière, Thuringe et en Hollande (Frise)  + martyr en 754 centre Fulda

Les 7 st Evêques évangélisateurs de l'Espagne + 1er siècle centres Tolède et Grenade
(Saints TORQUAT, INDALECE, SECOND, CECIle, CTESIPHON, EUPHRASE et Hesychios)                

St Augustin en Angleterre + 604 centre Canterbury 

St Willibrord en Frise, Luxembourg + 739 centre Echternach

St Anschaire au Danemark et en Suède + 865 centre Brême/Hambourg 

St Cyrille et Méthode chez les Slaves  + 869 à Rome  + 885 en Grande Moravie    centre Velerhad 

St Vladimir et le baptême de Vladimir + 988 centre Kiev

 

[1] Il y avait un temple à Mythra en face de la maison du pape Clément de Rome en 95, visible encore dans les fouilles de sa maison, sous l’église St Clément.

[2] Le texte appelé « Epitre à Diognète » est une défense des chrétiens écrite par un auteur anonyme de la fin di 2ème siècle. L’auteur y montre à la fois la souplesse des chrétiens capables de s’intégrer à la vie quotidienne dans l’Empire et la nouveauté discrète, familiale mais radicale dans leur vie et de leur foi.

[3] Arius prêtre d’Alexandrie déclarait en début du 4ème siècle que Jésus n’était pas Dieu mais un surhomme intermédiaire entre Dieu et l’humanité. Il a été condamné au Concile de Nicée en 325 qui a affirmé la divinité du Christ. Mais l’arianisme a duré longtemps avec la complicité des rois ou des empereurs.

[4] Autre hérésie née au 5ème siècle. Le moine Pélage niait que le péché originel ait abîmé l’homme, qu’il soit à l’origine de la mort et transmissible aux autres hommes.. Il pensait que l’homme pouvait se sauver tout seul, à la force de la sa volonté et de sa vertu. Les chrétiens se demandaient alors pourquoi le Christ était venu parmi les hommes. St Augustin lui répondra ; dans la polémique très rude, il sera un peu excessif dans le sens contraire à Pélage. Les Pères de Provence le lui reprocheront. Cet excès augustinien a beaucoup coloré la théologie occidentale.

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