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  • Le Pays Haut

    Comme en promenade (4)

                Franchissant le Rupt de Mad quelques kilomètres au nord de Pont-à-Mousson, nous entrons dans un autre pays dont bien des traditions de vie et de spiritualité sont différentes de la Lorraine du sud. C’est le Traité de Francfort de 1871 qui a créé un nouveau département, la Meurthe et Moselle, dont la configuration très particulière est imposée par le regroupement de territoires conservés des anciens départements de la Meurthe et de la Moselle ; la région de Briey, Longwy et Longuyon jusque là département de Moselle et dépendant du diocèse de Metz, se voit rattachée à Nancy, tant pour l’administration civile que religieuse. Au religieux, il n’y avait pas 100 ans qu’elle était dépendante de Metz : en 1789 en effet, cette région faisait partie des « doyennés vallons » du diocèse de Trêves !

                En contrecoup, l’annexion par les Allemands de la sidérurgie lorraine des vallées de l’Orne et de la Chiers, va stimuler le développement d’une nouvelle sidérurgie dans les hautes vallées de l’Orne et de la Chiers, du côté de la Meurthe et Moselle. Les Maîtres de Forges de Wendel, par exemple, construisent l’usine de Joeuf en 1881. Ainsi le Pays Haut déjà si différent du reste du département par ses habitudes de vie, son habitat, sa piété, par ses paysages ... va être encore plus étrange par une industrialisation intense et omniprésente jusqu’à la dernière crise qui en a vu presque la disparition. On pensait alors la partition lorraine provisoire: aussi chaque année, à Mars-la-Tour, se tenaient-elles des réunions patriotiques qui appelaient la réunification et Mgr Turinaz de Nancy, « l’évêque de la frontière », soutenait le moral lorrain de ses paroles enflammées. 

                Dans cette situation que l’on pensait provisoire, le Pays se développe pourtant rapidement: la vie rurale en est toute bouleversée; le gisement de fer lorrain devient le deuxième exploité du monde (116 000 hectares), le pays se hérisse des chevalements des mines et des cheminées des usines; la sous-préfecture de Briey se trouve être un des huit centres mondiaux d’émigration (avec New-York !) accueillant plus de 32 nationalités et voyant sa population passer en 30 ans ( 1906-1936) de 25000 habitants à 160 000 ! Les Lorrains voient arriver au pays des Italiens, puis des Polonais, des Tchèques....Et ce n’est pas sans tension et sans incompréhension, entre les immigrés eux-mêmes! Tout l’univers est bouleversé. Le travail est très rude, les conditions sociales précaires. En raison peut-être de sa nouveauté et de ses mélanges de populations, « le Pays haut est moins perméable au syndicalisme que l’agglomération de Nancy ou que le bassin de Neuves-Maisons où les ouvriers de Chatillon Commentry ont apporté de l’Allier leur tradition d’organisation de classe. La faiblesse du mouvement ouvrier organisé n’est pas incompatible avec de brusques explosions de grèves comme celle que l’on a pu observer en Meurthe et Moselle en 1905. (Histoire de la Lorraine Parisse. privat p.403)

                Longwy avec son agglomération, est la plus grande cité du Pays Haut. La ville, avec son château sur la hauteur et sa ville basse, est l’objet des convoitises françaises depuis longtemps. Assiégée par les Français en 1646 et en 1670 et  prise, elle fait alors partie d’un vaste système de conquête de l’Est de la France par la monarchie française. Le rattachement de la ville est accompli en 1678. En 1679, Louis XIV fait construire par Vauban à Longwy-haut une citadelle, dont bien des éléments sont encore visibles aujourd’hui. En 1683-90, on fit construire l’église St Dagobert avec des clochers permettant de servir de tours de guet.

                Depuis le belvédère, on a un beau panorama sur l’activité industrielle de la cité, même si les restructurations récentes en ont très considérablement diminué l’étendue et demeurent une blessure dans le cœur  de bien des longoviciens.

                Est-ce la proximité avec la Belgique du Cardinal Cardjin qui explique les efforts impressionnants développés dans le Pays Haut pour développer l’Action Catholique ? Peu importe: le Pays Haut en tout cas, fut la terre de choix de cette forme d’apostolat née dans la grande industrie et voulant à la fois participer à l’essor de la cité, à la valorisation du travail et à l’annonce de l’Evangile.

  • Pont-à-Mousson

    Comme en promenade (3)

    Pont-à-Mousson.         (Terre du duché de Bar jusqu’en 1766, rattachement à la France)

                En longeant la Moselle vers Metz, après avoir laissé sur notre gauche les forteresses de Dieulouard et de Preny, nous entrons dans la cité Pont-à-Mousson. Aux pieds de la colline où se dressent les ruines du château citadelle de Mousson, résidence des ducs de Bar d’où partira pour la croisade Louis II de Mousson en 1099, s’étend la « ville neuve du Pont-à- Mousson » voulue par le comte  Thiébaut 1er de Bar au début du XIIIè siècle.

                L’église Saint Martin, sur la rive droite de la Moselle, garde la mémoire de la fondation en 1217 d’une « Maison Dieu » confiée à l’ordre de St Antoine de Vienne spécialisés dans le traitement, y compris par amputation, du mal des ardents ou feu de St Antoine (une grave maladie provoquée par la consommation de seigle mal séché et entraînant gangrène et sensation de feu).  Les maisons se regroupent alors autour du centre hospitalier et de l’église dont la construction commença à la fin du XIIIè siècle par les abbés de St Antoine et fut achevée en 1467 lors de la construction de la façade par le même architecte que celle de Toul, Jacquemin de Lenoncourt.

                Devant l’église se trouve L’Université de Pont-à-Mousson (aujourd’hui lycée Marquette). L’édifice a beaucoup souffert lors du bombardement de la seconde guerre mondiale mais la reconstruction a respecté les volumes de la cour d’honneur de l’ancien bâtiment universitaire et les portes et fenêtres qui avaient pu être sauvées.)    

    L’université jésuite de Pont fut érigée officiellement en 1572 à Rome et mise en place effectivement en 1574 avec l’arrivée du recteur le Père Edmond Hay, un écossais. Elle est la sœur  d’autres universités créées pour lutter contre l’hérésie protestante dans les terres d’Empire, Molsheim en Alsace aujourd’hui, Ingolstadt.... Elle comprenait un collège d’humanités, une faculté des arts (philosophie), une faculté de théologie et, chose étonnante pour une université jésuite, une faculté de droit (civil et canonique) dirigée par un laïc, Pierre Grégoire juriste de Toulouse et une faculté de médecine (avec pharmacie) présidée par le médecin du Duc de Lorraine, le célèbre anatomiste Charles Lepois. La ville devint alors une ville d’étudiants, des bourgeois leur offrant des chambres pour logement, des collèges étant érigés par les diocèses lorrains ou les congrégations religieuses masculines pour recevoir les séminaristes et les scolastiques des différents instituts. 800 étudiants en 1587, 900 en 1594, 1200  au début du XVIIË siècle, ce qui est fort nombreux pour l’époque. Les jésuites étaient eux aussi nombreux: 53 en 1583 et 98 en 1595 ! et parmi eux de grandes figures spirituelles et intellectuelles comme le grand commentateur de la Bible Maldonat ou ... le découvreur du Mississippi, le Père Marquette. Des étudiants étrangers d’Irlande, d’Ecosse, de Belgique, d’Allemagne s’installent à Pont et se joignent à tous les jeunes hommes de la famille ducale et des grandes familles de Lorraine et de Bar..

    Trois étudiants célèbres, trois amis, méritent d’être mentionnés: St Pierre Fourier (1565-1640) qui garda toute sa vie un vif attachement aux jésuites et à la maison de Pont. Dom Didier de la Cour (1550-1623) réformateur bénédictin et fondateur de la Congrégation de St Vanne; Servaiz de Lairuelz (1560-1631) abbé réformateur de l’abbaye Ste Marie Majeure des Prémontrés de Pont dont les bâtiments majestueux du XVIIIè siècle s’élèvent à quelques centaines de mètres derrière l’Université ! Le rayonnement de cette université fut immense,  comme foyer tant intellectuel  que spirituel. La pédagogie humaniste de la compagnie (on lisait les auteurs anciens, on faisait du théâtre, on apprenait à débattre des questions philosophiques, théologiques ou politiques), la structuration religieuse des Exercices spirituels de St Ignace de Loyola ont profondément marqué l’élite lorraine tant laïque qu’ecclésiastique.

    La canonisation de St Ignace et de St François Xavier en 1622 a donné lieu à des fêtes somptueuses restées longtemps dans les mémoires : célébrations religieuses spectaculaires pleines de ferveur, pièces de théâtre, fête vénitienne sur la Moselle avec des orchestres, des bateaux illuminés et des feux d’artifice. Tel est l’atmosphère du catholicisme lorrain.

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    l’université des Jésuites    

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    l'église St Martin    

  • Le film l’Apôtre.

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     Excellent film sur la conversion au christianisme d’un musulman. Beaucoup de délicatesse dans le cheminement étonnant du jeune homme. On voit comment Dieu se fait connaître à un cœur par des moyens fortuits, banals… quotidiens. L’envahissement de l’Esprit est sans proportion avec le moyen humain…

      Beaucoup de nuances dans la famille du jeune homme chez le papa, la maman, le frère aîné, la sœur … On voit comment vit et réagit la communauté musulmane.

      Ce film a été proposé d’une manière confidentielle dans les salles de cinéma… ce n’est pas « politiquement correct » dans notre société où il devient dangereux d’émettre un opinion personnelle et à contre courant. Mais heureusement, on le trouve en CD. Dieu soit béni.

  • Lunéville

    Comme en promenade (2)    

    Lunéville. (Terre ducale jusqu’à la réunion de la Lorraine à la France en 1766)

     

                Pour se rendre à Lunéville depuis Nancy, il faut traverser une zone industrielle importante où s’accomplit une des activités les plus habituelles de Lorraine, l’extraction et le travail du sel. La campagne autour de Dombasle et Varangéville conserve encore quelques petites maisons de bois si caractéristiques qui étaient des puits anciens d’exploitation du sel. Au milieu de cette région se dresse la basilique St Nicolas de Port haut lieu de pèlerinage lorrain.

                La petite ville fut aux XVIè et XVIIè siècles un grand centre économique et les marchands de St Nicolas étaient connus partout dans les foires d’Allemagne et de la Hanse. Pour abriter une relique de St Nicolas rapportée de Bari au XIè, on construisit plusieurs églises dont la dernière, cette magnifique basilique gothique que les fidèles envahissent deux fois l’an en foule, à la St Nicolas d’hiver le 6 décembre et à la St Nicolas d’été, le lundi de Pentecôte.

                L’histoire de Lunéville commence avec la fondation de l’abbaye St Remy à la fin du Xè siècle et le petit bourg qui va très vite entourer le monastère et le château comtal érigé sur les bords de la Vezouze. La ville déjà conséquente au XIIè, s’enrichit au XVIIè de nombreuses fondations religieuses dans le renouveau spirituel et l’expansion catholiques de la réforme du Concile de Trente : les  Minimes s’installent en 1620,  les chanoines de St Pierre Fourier pour l’enseignement des garçons et le noviciat  en 1622, les sœurs  de Notre-Dame pour l’enseignement des filles en 1628, les capucins en 1633 et au début du XVIIIË, en 1703 les bénédictins et en 1707, les carmes !

                Le Duc de Lorraine Léopold revenu dans ses Etats en 1697, décide de quitter Nancy pour établir sa résidence à Lunéville:  en 1703, il confie la reconstruction du château à l’architecte Boffrand. Stanislas poursuivra l’embellissement du château achevé dans ses grandes lignes en 1709.

                L’église St Jacques actuelle, enserrée dans les bâtiments abbatiaux devenus municipaux après la révolution, a été construite, ainsi que l’abbaye, de 1730 à 1745. Elle ressemble beaucoup à St Sébastien de Nancy et peut-être a-t-elle le même architecte, Jean-Nicolas Jennesson. Avec la cathédrale, les églises St Sébastien et Notre Dame de Bonsecours, St Joseph des Prémontrés maintenant temple protestant, la chapelle Ste Elisabeth et celle de Maréville à Nancy,  l’abbatiale des Prémontrés à Pont-à-Mousson, la décoration intérieure de l’église St Martin de Pont-à-Mousson et nombreuses églises de villages plus modestes mais de même esthétique, nous rencontrons  l’univers spirituel intérieur du catholicisme lorrain durant plusieurs siècles : des églises claires, élégantes, chaleureuses et pleines de couleurs, toutes centrées sur l’autel et la chaire, montrant par de nombreux tableaux, la vie du Seigneur et de sa mère, la vie des Saints (François d‘Assise et Antoine de Padoue, François Xavier, Charles Borromée, Sébastien, Bruno, François de Paule, Jean Népomucène le saint de la confession, Pierre Fourier et Augustin... sont parmi les préférés). Mais il ne faudrait pas penser que le catholicisme lorrain n’est qu’extériorité et sensibilité.

                La réforme catholique fut justement de soutenir la vitalité extérieure par un grand renouveau de l’intériorité: Lunéville est ainsi la patrie du peintre Georges de la Tour (1593-1652) qui « excellait dans la peinture des nuits... » et du Frère Laurent de la Résurrection (1614-1691) carme, cuisinier, savetier et grand mystique.

                Il faut noter aussi à Lunéville la présence d’une synagogue, qui avec celles de Carpentras et Cavaillon (dans le Comtat Venaissin, terre du Pape), fait partie des plus vieilles synagogues conservées en France. Elle fut construite en 1785 par l’architecte Piroux, auteur également de la synagogue de Nancy (1787-1788) et témoigne de la vitalité de la communauté juive de Lunéville sous la conduite de son syndic Abraham-Isaac Brisac.

                Au-delà de Lunéville commence la grande forêt vosgienne. La forêt est une des grandes constituantes de l’âme lorraine; le pays est un pays de forêt avec ses étangs et ses industries typiques : les scieries et les verreries. Depuis plusieurs siècles, Baccarat, au milieu de ses forêts, poursuit cette activité artistique par excellence qu’est la production du cristal.

                C’est aussi dans les environs de Lunéville, à Brouville, que naquit en 1924, 5 ans avant la naissance officielle, la Jeunesse Agricole Catholique (JAC). En effet, l’abbé Jacques réunit dans son village la première équipe de Jeunes Agricoles « pour approfondir la foi, se soutenir et avancer dans la profession, pour être un lien catholique entre les villages » (notes de l’abbé Jacques)

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    Château de Lunéville