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  • Concert lecture du 14 janvier 2018.

    Le maître livre de la spiritualité des Sœurs de la Doctrine Chrétienne : les Petites Méditations 1739.

    Une cinquantaine de personnes étaient rassemblées hier dans la salle Magdala de la paroisse st Pierre pour ce concert lecture, don tune délégation des Sœurs de la Doctrine venues en voisines de la Maison St Joseph principalement ou de la Maison Mère.

     

    La présentation a commencé par l’audition d’un vieux noël lorrain, tiré de la Bible des Noëls chantée dans le région durant tout l’Avent pour se préparer à la fête.

     

    Brève biographie du « fondateur »

    La première école fut fondée à Lucey en 1683 par le curé Claude Varnerot et sa nièce.

    Elle fut suivie de nombreuses fondations dans les villages environnants

    1688 : naissance à Bruley de Jean Baptiste Vatelot, milieu des vignerons

    formé au séminaire janséniste de Toul

    1716 : entrée au chapitre comme « vicaire sacristain » après son ordination par Mgr Boulet de Camilly évêque de Toul

    1717 nommé par le chapitre « administrateur des écoles du diocèse de Toul au temporel et au spirituel ». Il le sera jusqu’à sa mort.

     

                     Sa marque sur la fondation est très forte par plusieurs actes très importants :

    1719 : grâce à l’héritage du chanoine Philippe le Vacher, Vatelot fonde à Toul, dans la paroisse St Jean du Cloître, une école normale de formation des sœurs d’école qu’il appelle la « Mère Ecole ». Les sœurs y acquièrent leur compétence pédagogique et spirituelle et y reviennent chaque année pour un temps de formation et de retraite.

    1739 : les sœurs reçoivent un livre sur la méthode d’enseignement et de conduite de la classe : « La méthode familière ».

    1739 : le livre de spiritualité de la sœur : Les Petites Méditations, recueil de 10 méditations mensuelles … augmentées de deux, dans l’imitation des précédentes, par l’évêque Drouas de Broussey en 1772.

    1733 : Vatelot avait été appelé au chapitre cathédrale par son ami Alexandre Martel dont c’était le tour de nomination. DE 1733 à 1748, date de la mort du chanoine, Vatelot va se consacrer à la vie de prière du chapitre (très importante et variée) et les très nombreuses fondations d’écoles nécessitant de nombreux déplacements dans els villages tant pour le fondations nouvelles que pour la visite des écoles déjà fondées.

    1748 : mort de Vatelot et inhumation dans la même tombe que celle de Claude de l’Aigle chanoine de Toul très grande personnalité spirituelle et administrative, l’ami intime de Vatelot.

                                                                                         

    Puis commença la lecture de textes tirés des Petites Méditations… entrecoupée d’ audition de morceaux de musique que Vatelot aurait pu entendre dans la cathédrale de Toul où la vie musicale religieuse était très vivante. Voici seulement quelques extraits de ce qui fut lu.

     

    Toute méditation commence par un appela l’adoration de Dieu. Et chaque méditation souligne un motif de cette adoration. En pleine époque janséniste, Vatelot propose à ses sœurs de contempler le Dieu qui veut sauver tous els hommes, qui veut les conduire au bonheur, un Jésus modèle du maître ardent et doux … C’est stupéfiant et magnifique très inspiré par St Paul aux Ephésiens. Voici la « collection sainte » des motifs d’adoration. Les titres - en vert - sont de nous. 

    Le plan du salut Adorez Jésus-Christ, qui veut que "tous les hommes soient sauvés". Adorez Dieu dans son amour incompréhensible pour les hommes ; et dans les moyens, dont il se sert, pour les faire arriver au bonheur éternel, qu'il leur a préparé dans le ciel ; et considérez la part qu'une Soeur d'Ecole peut avoir dans les vues miséricordieuses de la divine providence. Dans l’Eglise Adorez Jésus Christ. qui a établi différents ouvriers, pour travailler à l'édifice du corps de l'Eglise, dont il est lui-même la pierre angulaire Adorons en regardant le Maître agir Adorez Jésus Christ donnant les leçons du salut aux peuples, qui le suivaient en foule. Adorez Jésus-Christ, le modèle accompli de tous les maîtres Le Maître qui voit les cœurs Adorez Dieu, en qui nous avons la vie, le mouvement et l'être. Adorez Dieu, à qui nulle créature n'est cachée ; aux yeux de qui tout est à nu et à découvert. Adorez Dieu, qui est le principe et la fin de toutes choses Un maître dont le cœur est passionné et doux à la fois, l’Enfance spirituelle. Un maître qui appelle à la sainteté. Adorez Jésus Christ qui nous dit : Qu'il est venu apporter le feu sur la terre, et que sa volonté est, qu'il brûle et que nous soyons embrasés. Adorez Jésus Christ qui, pour vous faire estimer la vertu de douceur, vous la prêche par son exemple, et se propose lui-même à vous, comme le modèle que vous devez copier. Adorez Jésus-Christ, qui nous dit : Soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait. Adorez Jésus-Christ qui vous assure que celui-là sera le plus grand dans le royaume des cieux, qui se rendra petit comme un Enfant ; et que celui qui recevra en son nom un enfant, c'est Jésus Christ même qu'il recevra.

    Dans 6 méditations sur les 12, Vatelot explicite la mission de la Sœur d’Ecole pour en montrer la beauté, la profondeur de l’Apostolat et les exigences. Voici quelques extraits principaux de cette vocation… qui peut servir à la méditation de tout apôtre, même fidèle laïc ! Les titres en orange sont de nous.

     

    Cette vocation est ecclésiale au sens large : « Voilà ce que veut de vous l'Esprit Saint, qui vous a appelées.. ce que demande de vous l'Eglise, par la bouche de l'Evêque, qui en vous approuvant pour cette sainte fonction vous déclare de sa part, qu'elle attend ces fruits de votre vigilance et de votre charité; ce que les Pasteurs, dans les Paroisses desquels vous êtes envoyées, se promettent de votre zèle.. ce qu'ont droit d'exiger de vous les pères et les mères, qui dans l'impossibilité, où ils sont d'instruire eux-mêmes leurs enfants, croient avec raison pouvoir se reposer sur vous, du soin de leur éducation» (1/3) Cette vocation est « pastorale ». «Vos obligations sont grandes. J'oserais presque dire, que c'est une espèce d'Apostolat...» (11/2) « Ne peut-on pas dire qu'elles remplacent en quelque sorte les Diaconesses des premiers siècles de l'Eglise, dont l'emploi était d'instruire les néophytes de leur sexe, des devoirs de la Religion, et de les préparer au Baptême? » (2/1) Cette vocation s’insère…dans l’apostolat des apôtres : « Une Sœur d'Ecole, par son Etat, est associée en quelque sorte au ministère sacré des Apôtres, des Pasteurs et des Prédicateurs de l'Evangile… » (12/1) « Quelque rebut que vous ayez à essuyer dans les lieux, où vous serez envoyée, quelque mauvais traitement qu'on vous y fasse éprouver, dites avec l'Apôtre: Je puis tout en celui qui me fortifie. C'est pour son amour que je me suis dévouée toute entière à cet emploi. Je me trouverais n'avoir qu'un Enfant à instruire, que je me trouverais encore trop honorée d'être consacrée à son instruction. Mon Sauveur serait bien mort pour moi, quand il n'aurait eu que moi à racheter et à sauver.» (2/3) « Aussi font-ils ma joie: c'est ainsi que, comme membre de Jésus-Christ, je remplis ma mesure de ce qui me manque aux souffrances de ce divin chef. … pastorale comme les pasteurs de l'Eglise « Une Maîtresse d'Ecole fait en partie l'office des Pasteurs parce qu'elle dispense en leur nom et sous leur autorité, le pain de la parole de Dieu aux jeunes filles et qu'elle est substituée pour travailler sous eux au salut des âmes. Les Pasteurs doivent enseigner la doctrine Chrétienne: c'est ce que fait une Sœur d'Ecole, qui rassemble chez elle, comme dans une petite Eglise, les jeunes filles, pour les former à la Religion. Les Pasteurs doivent jeter dans l'âme des Enfants les premières semences de la crainte et de l'amour de Dieu: c'est ce que fait une Maîtresse, qui délie, pour ainsi dire, la langue bégayante de ses tendres élèves, pour consacrer les premiers sons qu'elles articulent, par la prononciation du Saint nom de Dieu et qui leur apprend les éléments de la Religion, dès qu'elles commencent à parler. Il est du devoir des Pasteurs de disposer à la réception des Sacrements, par les exercices d’une véritable et solide piété : n’est-ce aussi ce que font les Maîtresses toujours occupées à inspirer aux jeunes filles le goût de la vertu et disposer à la réception des Sacrements ? (2/1) « Elle participe au ministère sacré des Pasteurs chargés de veiller sur les âmes rachetées au prix du sang d'un Dieu. Elle fait d'une manière visible, à l'égard des âmes, ce que font les Anges d'une manière invisible. Elle marche sur les traces de Jésus-Christ même, qui n'a conversé parmi les hommes que pour les instruire, et les conduire à la félicité éternelle. » (11/2) Au sommet de cette « échelle apostolique », le Seigneur Jésus, dont la sœur poursuit l'œuvre. « Une Sœur d'Ecole fait l'office même de Jésus Christ et 'elle continue ce qu'il a commencé sur la terre. Qu'est-il venu y faire en effet? Enseigner les ignorants, publier les vérités de son Evangile, rappeler les hommes des voies de la perdition, leur montrer celle qui conduit à la vie éternelle. Dans le cours de ce ministère pénible, quelle affection, quelle bienveillance n'a-t-il pas montré pour les Enfants !…Voilà le modèle adorable d'une Maîtresse d'Ecole. Elle suit les traces de Jésus Christ. Elle continue ce qu'il a commencé: elle dit comme lui, laissez approcher de moi ces Enfants, je me consacre, je me dévoue à leur instruction, je veux leur enseigner la doctrine de la vérité, et leur montrer le chemin qui conduit à la vie, je ne serai point importunée de leur trop grand nombre,' je ne me rebuterai pas de leurs traits d'enfance, de leur naturel pesant ou trop vif, de leurs fautes et de leurs chutes continuelles. Le Seigneur les a chéris, il les a admis à son Ecole. Quoi de plus glorieux pour moi, que de continuer ce qu'il a commencé ! Je ne continue plus seulement le ministère de Jésus Christ. Il est lui-même l'objet du mien.. puisqu'il m'assure lui-même que ces Enfants sont d'autres lui-même; qu'il tient comme fait à lui-même, ce que je ferai pour leur service et pour leur bien ». (2/3) Cette vocation est à comprendre dans la grâce du baptême. « Les Sœurs d'école sont établies de Dieu et de l'Eglise, pour aider les jeunes filles à conserver la grâce et l'innocence qu'elles ont reçues sur les Fonts sacrés du baptême. Plus l'innocence des enfants est un trésor inestimable, plus vous devez être attentives et vigilantes sur le « dépôt »[1] qui vous est confié. On peut vous dire, comme Saint Paul l'écrivait à son disciple Timothée, Gardez le dépôt de qui vous a été mis en main. » C'est à vous de suppléer à leur incapacité, et de faire pour elles les actes qu'elles ne peuvent faire encore, de les aider avec douceur et patience, faire ceux que vous pouvez juger n'être pas au dessus de leur portée, de leur conseiller de se retirer tous les ans le jour de leur baptême aux pieds des Fonts baptismaux, pour y remercier Dieu de la grâce précieuse qu'elles y ont reçue et y faire les mêmes protestations que leurs Parrains et Marraines y ont faites pour elles, lorsqu'on les y apporta pour être lavées de la tache mortelle du péché. » (3/2)

    [1] L'auteur appuie son argumentation sur un texte de St Paul dans la 1ère épître à Timothée.

     

  • A la découverte de la spiritualité chrétienne en Lorraine...

  • histoire des chrétiens de Lorraine #11

    11     Ainsi arriva la réflexion chrétienne chez nous, déjà bien élaborée et pensée au sein de la culture antique qui était aussi celle de nos anciens gallo-romains ! « Ni éliminé ni poursuivi, le savoir grec se perpétua donc tout en étant transformé. A ce jeu, Platon l’emporta sur Aristote, Homère et les orateurs furent sauvés, ainsi que les savoirs mathématiques et médicaux conservés, tandis que les Tragiques sombraient dans l’oubli – le théâtre disparaît complètement à l’époque patristique – et que els historiens n’étaient plus connus que par bribes. Le christianisme connut en outre un processus d’aspiration à la rationalité pour défendre, analyser et expliquer le dogme... Cette continuité réelle ne s’effectua pas sans rupture ou inflexions notables. Une approche prudente est de mise. »44

      Nous allons retrouver les fruits de ce travail magnifique de confrontation entre la foi et la culture antique dans ce subtil résultat, dans la personnalité des évêques de Toul du temps.

       Les   évêques   

     L’évêque AUSPICE (460-470) était ami de St Sidoine Apollinaire (430-489): cet homme politique, évêque et écrivain gallo-romain, était né à Lyon en 430 et mourut à Clermont en 486. Préfet de Rome en 468, évêque d'Auvergne en 471, il est également connu pour son œuvre littéraire (Lettres et Poèmes). Nourri de la culture antique – sans doute lacunaire - notamment par les vers d’Ovide et de Virgile, il devient l’un des poètes et des écrivains les plus fameux du siècle. On recherche son contact ou sa collaboration, particulièrement les personnalités officielles, même les plus illustres.

      Sidoine parle de l’évêque Auspice de Toul avec beaucoup d’éloge et d’honneur :

    « Fut Auspice évêque de l’Eglise de Toul en Gaule, homme particulièrement docte et pieux, comme il apparaît dans la lettre en prose rythmée qu’il écrivit à Arbogaste comte de Trêves, qui l’exhortait à rompre avec l’avarice et la cupidité. » Arbogaste avait demandé à Sidoine une règle de conduite ; Sidoine s’excusa et envoya le jeune homme à Auspice et à Loup de Troyes.

       En 470 et jusqu’en 496, l’évêque URSUS (= ours) assure le gouvernement de l’Eglise de Toul. Sous son épiscopat, se déroula un événement qui devait marquer pour longtemps l’histoire de l’Evangile !       

      Les Alamans ayant franchi le Rhin une nouvelle fois, menaçaient la Basse Moselle. Sigebert roi des Ripuaires les arrêta d’abord à Tolbiac, aujourd’hui Zülpich, en Rhénanie du Nord-Westphalie, mais craignant d’être débordé, il fit alliance avec Clovis chef des Francs Saliens ; Clovis accourut du bassin de l’Escaut et défit les Alamans en Alsace en 496, bien que l’issue du combat parut très incertaine et que Clovis ait dû invoquer « le Dieu de Clotilde » pour l’aider à la victoire.

    waast.jpg   Passant par Toul, à son retour, il demanda un catéchiste à Ursus qui confia Clovis au prêtre Waast pour répondre à ses questions et l’instruire. Franc comme Clovis, Waast devait pour voir parler librement avec le roi. Cet événement est capital religieusement parlant.

        En effet, l’hérésie arienne qui niait la divinité du Christ était très répandue en Orient et en Occident avec, plus ou moins, la complicité des autorités publiques. Les Conciles de Nicée en 325, Constantinople en 381 – d’où est issu le symbole que nous récitons à la messe – et le concile de Chalcédoine en 451 avaient explicité la foi de manière nette et claire. Mais la résistance arienne restait forte. Il est plus facile pour la raison de croire en un Dieu unique et un grand prophète plus qu’en en un homme Fils de Dieu. Notre région et celle de Reims étaient fidèles à la foi de l’Eglise. St Clotilde bien que Burgonde – les Burgondes étaient ariens – était catholique. Clovis en devenant catholique et non arien fit basculer une grande partie population dans la foi catholique et ainsi favorisa la disparition de l’arianisme.       

       « Les conditions d’évangélisation auprès des barbares, écrit le Père Cantalamessa, se présentaient sous une tout autre forme, différente de celles que l’on connaissait avec le monde grec et romain, où le christianisme avait devant lui un monde cultivé, organisé, avec des règles, des lois, des langages communs. Il avait, pour ainsi dire, une culture avec laquelle dialoguer, se confronter. Maintenant il allait devoir faire face à deux tâches en même temps : civiliser et évangéliser. Enseigner la lecture et l’écriture, tout en formant à la doctrine chrétienne. L’inculturation se présentait sous une forme totalement inédite. »

       A Toul, ALBAUD successeur de EVRE fondera une école épiscopale qu’il confiera à Antimond qui lui succèdera comme évêque. Cette Ecole cathédrale sera d’une très grande qualité pendant de longs siècles. Cette tâche de civilisation est donc commencée au début du 6ème siècle.