5 Nous venons de nous familiariser avec la vie quotidienne et religieuse de nos ancêtres gallo-romains. Avec le 4ème siècle, le climat s’alourdit : l’Empire romain est en crise et n’assure plus vraiment l’unité des nations qui le composent et la défense de leurs frontières. Pour nous, c’est la frontière du Rhin qui devient menaçante, après le départ des Légions romaines … vers d’autres parties menacées de l’Empire.
Alors on construit à Toul des remparts !
Au point de vue religieux, il est difficile d’entrer dans les détails. On peut dire que la foi chrétienne se répand discrètement mais sûrement. On peut repérer l’existence de communautés chrétiennes dans les villes de Naix aux Forges[1], de Soulosse[2] et de Grand (dans la Meuse et les Vosges actuelles), à Sion[3] et à Toul, à Deneuvre (Meurthe et Moselle actuelle). Peut-être déjà quelques communautés chrétiennes dans des villas gallo-romaines… comme dans la « Villa romaine du Vermois » (Ville en Vermois en perdure le souvenir)… qui est la plus ancienne paroisse du diocèse !
La foi est arrivée secrètement. Par qui ?
Les militaires souvent mutés : depuis le massacre de la Légion thébaine (c’est-à-dire venant de Thèbes en Egypte, donc avec des chrétiens « coptes » depuis le 1er siècle) près d’Agaune en Suisse, on sait que les légions romaines comprennent des chrétiens qui soutiennent les martyrs durant leur exécution ou refusent d’exécuter les ordres de les mettre à mort. St Maurice de cette Légion thébaine en est un magnifique exemple. Une église lui sera dédiée au 5ème siècle par St Evre dans la banlieue de Toul. St Martin est également un bel exemple : né en 316 en Pannonie (province romaine d’Europe centrale, Hongrie actuelle), fils de militaire et donc militaire par obligation, il est muté à Amiens autour de 330… où il se convertit au christianisme… quitte l’armée et rejoint St Hilaire à Poitiers. Il est un des grands évangélisateurs de la Gaule.
Des chrétiens en voyage à une époque où on se déplace beaucoup, et notamment quelques grandes figures chrétiennes comme St Athanase d’Alexandrie – le défenseur contre Arius, de la divinité du Christ au concile de Nicée en 325 – qui passe à Toul se rendant en exil impérial à Trêves en 336… ou St Ambroise né à Trêves et partant pour Milan.
Il y a peut-être ici ou là des communautés chrétiennes dans l’une ou l’autre des villas gallo-romaines de la région.
Mais la présence chrétienne doit être discrète puisqu’il n’y a pas chez nous de martyrs de la terrible persécution de Dioclétien (303-311) qui a beaucoup affaibli l’Eglise chrétienne qui ne pourra progresser que grâce à « l’édit de Milan » de Constantin en 313.
Ces communautés chrétiennes discrètes sont visitées, formées et encouragées par des évêques itinérants. Selon la méthode évangélisatrice des apôtres – fonder une communauté, y établir des Anciens (presbuteros en grec, ce qui donnera les « prêtres ») partir pour d’autres lieux et revenir régulièrement pour des visites – les communautés fondées au 4ème siècle sont visitées par des évêques qui ont un vaste territoire sous leur charge et qui passent dans els communautés fondées pour les former, les encourager, les aider à évangéliser leur cité.
[1] Une grande cité, peut-être 10 000 habitants. Voir le site sur Naix aux Forges
[2] On y a fait de belles découvertes archéologiques, visibles autrefois à la mairie. Entre autres, une belle coupe eucharistique avec décor chrétien.
[3] Voir au Musée lorrain les résultats des fouilles, en particulier la plaque chrétienne du 5ème siècle dont on reparlera plus loin.