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  • Histoire des chrétiens de Lorraine #3

    3     Continuons à nous familiariser avec nos ancêtres Leuques.

           Les Gaulois étaient des gens religieux même s’il est difficile de bien connaître leurs croyances. Pour leurs sanctuaires, ils aimaient les sous-bois, les sources, les hauteurs. Très vite, ils adoptèrent les dieux romains comme en témoignent de nombreuses épitaphes retrouvées à Naix (Le temple de Mazeroie et son très grand complexe religieux), Châtenois, Soulosse, Sion… : [1] on y trouve Apollon, Jupiter, Mars, Mercure, Hercule aux côtés des déesses mères, plus gauloises : Epona, Rosmerta, Sirona.

           On peut tout de même signaler trois grands sanctuaires :

           Le plus prestigieux est Grand, situé à l’écart de toute route importante, sauf peut-être une voie en direction de Châlons en Champagne récemment identifiée.[2] !

           La cité se développe surtout à partir du 1ersiècle autour du sanctuaire dédié à Apollon Grannus [3] avec un équipement urbain typiquement romain : vastes quartiers, portes, habitations diverses, basilique, vaste amphithéâtre pour 17000 spectateurs, thermes… La ville était entourées de villas gallo-romaines. Et la cité de Liffol-le-Grand pouvait faire partie de l’agglomération de Grand comme le suggèrent les fouilles récentes de la villa de la Goulotte à Liffol. La ville était alimentée en eau par des aqueducs de surface.

           C’est dans ce sanctuaire que se rendit vraisemblablement Constantin lui qui gouvernait la Gaule, l’Espagne et la Bretagne depuis 310, lorsqu’il avait pris la succession de son père Constance Chlore. « Il avait conforté sa légitimité en se mettant sous la protection d’Apollon dont il disait avoir eu la vision dans le temple de Grand et qu’il invoquait sous le nom du Soleil ce que traduit dans ses monnaies, sa légende « Au soleil invaincu compagnon » de l’empereur. Ses panégyristes disaient que cette vision s’était accompagnée de la promesse d’un pouvoir universel. » [4]

           Entrons dans le sanctuaire de Grand : c’est un cheminement rituel. Les pèlerins s’approchent des limites de la cité en faisant acte d’allégeance aux dieux, avec quelques offrandes, gâteaux et fruits. Puis ils entrent dans l’enceinte, passent le portique pour aller à la fontaine sacrée profiter de ses vertus thérapeutiques. Ils vont ensuite se purifier le corps dans l’un des établissements de bains (deux à l’extérieur du rempart, deux à l’intérieur) Un ex-voto trouvé sur le site[5] porte la formule «somno jussus» («ayant reçu des consignes pendant son sommeil»). Cela semble indiquer qu’on y pratiquait l’incubation : sous le portique, couché sur le sol (ou sur la peau d’un l’animal qu’il a offert en sacrifice), le consultant s’endormait et ses rêves étaient censés lui apporter la révélation prophétique qu’il avait sollicitée ou lui donner des indications sur la manière de recouvrer la santé. Apollon lui-même pouvait lui apparaître en songe pour lui indiquer le traitement à suivre. Ce rite d’incubation était pratiqué à Épidaure et, à Rome, dans le sanctuaire asclépien de l’île Tibérine. »

         En 309 ou 310, il est probable que Grand a accueilli celui qui allait devenir l’empereur Constantin, venu prier et consulter Apollon. Selon le Panégyrique de Constantin, l'empereur aurait eu là une vision prophétique , Apollon, accompagné de la Victoire, venant lui offrir des couronnes de laurier.

                Nous continuerons la visite des sites religieux la prochaine fois ! 

    grand,lorraine

     Photo extraite du CD-Rom "L'empreinte de Rome sur la Gaule"

     Visite de l'amphithéâtre de Grand sur le blog "patrimoine de Lorraine"

    Visite virtuelle de l'amphithéâtre 

     

    [1] Voir musées d’Epinal et Lorrain
    [2] Voir Vivre à la romaine Voyage dans les Vosges antiques publié à la Gazette lorraine en juin 2014 p. 46. Très beau livre sur ce sujet.
    [3] Dieu gaulois accolé en Gaule à Apollon. Dieu solaire comme Belenos (vénéré à Blénod les Toul)
    [4] Cité par L’antiquité tardive en Provence : Naissance d’une chrétienté sous la direction de Jean Guyon et Marc Huijmans. 2013 p. 25-26 Tiré du Panégyrique de Constantin. Voir aussi La vision de Constantin au sanctuaire de Grand et l'origine celtique du Labarum Hatt, Jean-Jacques. Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres Année 1950 Volume 94 Numéro 1 pp. 83-86
    [5] op. cit. p. 48