Au moment de faire le sapin, voici quelques éléments pour découvrir la symbolique chrétienne de l'arbre de Noël, nourrir sa foi et celle des enfants... pour dépasser une peu le niveau seulement folklorique et découvrir que l'annonce de l'Evangile passe aussi par des réalisations concrètes.... même culinaires. Pour un catholicisme joyeux et humble! Père Jacques Bombardier.... Avec ses voeux de très joyeux et saint Noël.
Il est parfois de bon ton de se moquer de la superstition populaire ou du paganisme de la fête de Noël que certains voudraient vivre dans une austérité, seule digne d’une fête. D’autres refusent de mettre des sapins dans une église !! Ce qui est païen dans les coutumes de Noël, ce sont les branches de gui, de houx pour décorer les murs ou les suspensions dans les pièces. Le sapin est lui, d’origine chrétienne.
En effet, cet arbre de Noël que nous confectionnons dans nos maisons provient de coutumes très religieuses du Moyen Age et des Mystères sacrés joués sur les parvis des églises, en particulier dans la région du Rhin et en Alsace. L’arbre de Noël est né en Alsace. Les plus anciens témoignages de cette coutume remontent au XIIIème siècle dans la vallée du Rhin. L’essor de la coutume se produit au XVIè siècle.[1] A côté des scènes qui montraient la crèche et les bergers, il y avait des scènes qui évoquaient le Paradis : Adam et Eve, le diable tentateur et l’ange au glaive qui fermait l’accès au Paradis !
Au milieu se dressait l’arbre du paradis.[2]
Et l’arbre du Paradis devint… le sapin – il était difficile de trouver un pommier au mois de décembre ! Et puis le sapin est toujours vert… il ne meurt pas ! Sur ce sapin, on accrocha plusieurs pommes (le seul fruit disponible en décembre ! la fameuse petite pomme rouge d’Alsace[3]) et des représentations d’Adam et Eve en pain d’épices. La crèche au pied de l’arbre annonçait le salut : la fête de Noël, en effet, ouvre aux hommes à nouveau le Paradis ! Comme le chante le vieux cantique de Noël datant de cette époque
« Aujourd’hui Dieu rouvre l’huis « la porte ».
Qui mène au beau Paradis.
Le chérubin n’en défend plus l’accès
A Dieu louange, honneur et majesté. »
Progressivement le sapin de Noël passa de l’extérieur des églises à l’intérieur des maisons. En plus des pommes, on suspendit alors à l’arbre des hosties non consacrées : l’eucharistie donne la vie éternelle que l’arbre de vie devait donner ! Magnifique symbolisme : face à la « pomme[4] » qui a conduit l’homme à la mort, l’hostie le conduit à la Vie.
Dès la fin du XVIe siècle vinrent s’ajouter des papillotes en forme de roses et autres fleurs en papier multicolore. Ces fleurs sont une allusion à un verset d’Isaïe[5] où il est question du « Rameau fleuri de l’arbre de Jessé ». C’était une manière d’évoquer l’ascendance de Jésus, « Fils de David » dont Jessé était le père. Elles nous rappellent aussi les paroles d’un chant ancien, très certainement composé à cette époque, intitulé en allemand actuel «Es ist ein Ros entsprungen» : une rose a jailli.
Plus tard, par respect, on remplaça les hosties par des gâteaux en forme d’hosties qu’on accrocha dans l’arbre… Ces gâteaux, on les fabriquait durant tout l’Avent, avec un petit trou pour pouvoir les fixer aux branches du sapin par un ruban. Les moules permirent de les décorer et de représenter sur les gâteaux des scènes de la Nativité. En alsacien, on appelle ces gâteaux des « springerle » (littéralement petits sauteurs[6]). Ils sont à l’anis ; on confectionne aussi des pains d’épices pour les accrocher. On remplaça aussi les pommes par des boules.
springerle
Boules de Meisenthal.
En effet, selon la tradition, en 1858, une grande sécheresse priva les Vosges et le des fruits et en particulier de pommes. Pas de pomme pour les sapins de Noël ! Un artisan verrier de Goetzenbrück travaillant à la verrerie de Meisenthal, eut l’idée de souffler des boules en verre. La mode était lancée. Et c’est au XVIIIème siècle qu’on fixa des bougies aux branches pour faire de cet arbre, un arbre de Lumière. Ainsi le sapin était prêt pour être montré en France en 1870 par les Alsaciens exilés suite à la guerre
[1][1] Un manuscrit de la bibliothèque humaniste de Sélestat de 1521 parle des sapins : les gardes forestiers sont payés pour surveiller les forêts en raison de la quête intempestive de sapins par le peuple !
[2] Une fresque dans une chapelle d’un lycée de Haguenau (Nord de l’Alsace), datant du XVe siècle, concrétise ce symbolisme par un arbre dont la couronne est nettement partagée en deux zones dans le sens vertical. D’un côté les pommes, de l’autre les hosties. Voir Histoire de l’arbre de Noël p. 6
[3] On l’appelle toujours aujourd’hui Christkindel Apfel : pomme du petit Christ
[4] Il n’est pas question d’une pomme dans le texte biblique mais d’un « fruit »… La pomme était disponible en décembre. Il y a peut-être aussi un glissement confusion avec la déesse des fruits, qui se dit justement « pomona » est en latin !
[5] Is. 11/1
[6] On peut voir de magnifiques moules à gâteaux de Noël au Muée des Srpingerle à La Petite Pierre dans le 67. Le musée est situé 11 rue des remparts, 67 290 La Petite Pierre.